Parler de conversion dans la vie d'Ignace de Loyola, c'est lui appliquer un terme qui n'appartient ni à son vocabulaire, ni à sa vision de l'existence chrétienne. Non qu'Ignace refuse de voir sa vie se transformer en réponse à l'appel de Dieu, bien au contraire. Mais ce qui retient Ignace dans son Récit, comme dans les Exercices spirituels ou les Constitutions, c'est l'œuvre de Dieu et la manière dont elle permet à chacun de donner forme librement à son existence. Au mouvement de la conversion, qui implique un retournement, Ignace préfère celui de l'ordonnancement qui articule les temps d'un travail du désir et la découverte de sa juste mesure à la recherche de Dieu en toutes choses.

Nous proposons de parcourir le Récit en nous questionnant sur le genre littéraire auquel ce texte appartient, car il détermine le sens que le lecteur lui donne : face à ce que nous prenons pour un récit de vie, nous sommes ici conviés à interroger le regard que nous portons sur le « saint fondateur » et à sortir d'un rapport d'imitation. Le Récit déloge son lecteur et barre la route à ce qui pourrait susciter de l'admiration afin que soit attisé, dans le lecteur, son propre désir de servir Dieu, en découvrant comment il fortifie en lui « l'homme intérieur ».

Un récit de soi pour faire place au lecteur et à Dieu

Dans une préface au Récit, Luis Gonçalves da Cámara, un proche d'Ignace, rappelle les circonstances qui ont convaincu Ignace en 1554 de raconter sa vie. Depuis trois ans, Jérôme Nadal, un autre de ses proches, avait insisté auprès de lui pour qu'il rédige un testament à ses compagnons jésuites. Puis, un jour, après une conversation avec Cámara, Ignace se décida à accéder à la requête de ses compagnons1. Cámara lui avait mentionné ses propres difficultés à se défaire de la vaine gloire (le désir d'obtenir pour soi de l'honneur en s'attribuant les mérites de ce qui arrive). Ignace donna alors comme conseil à Cámara « de rapporter de nombreuses fois à Dieu toute chose qui [le] concernait en [s]'efforçant de Lui offrir tout le bien qu'Il pouvait trouver en [lui], en reconnaissant ce bien comme Lui appartenant et en Lui rendant grâce ». Ignace, voyant Cámara ému aux larmes et consolé par ses paroles, lui confia avoir été lui-même « tourmenté par ce vice ». Après l'avoir quitté, Ignace retrouva Cámara et Juan de Polanco pour le déjeuner et leur déclara s'être décidé à répondre à la demande de Nadal.

Le Récit naît d'une conversation où Ignace note à la fois la consolation de son interlocuteur et son besoin d'aide. Comme remède à la vaine gloire, Ignace conseille à Cámara de se tourner avec gratitude vers Dieu. Ignace perçoit alors que son interlocuteur, touché par cette remarque, a déjà reconnu en lui-même l'œuvre de Dieu. Ignace estime que le récit de son histoire pourra être mis à profit par son auditeur. Ignace peut raconter son histoire. En acceptant de livrer son récit, il définit les conditions spirituelles de ses lecteurs : des personnes déjà mues par la reconnaissance de l'œuvre de Dieu en elles. La pédagogie spirituelle d'Ignace s'enracine dans la certitude que Dieu est premier et que c'est lui que nous cherchons d'abord, ce qui suppose d'apprendre à reconnaître son passage.

Ignace choisit une forme littéraire originale. En parlant de lui à la troisième personne, il éloigne le personnage central, dont il compose le tableau des vices et des errements. Toutefois, loin de conduire à la représentation d'un personnage « sans qualités », c'est au contraire une figure libre qui émerge. Le Récit met en lumière comment se forge une liberté, reçue de Dieu et mise en œuvre avec détermination.

Au principe du Récit, louer Dieu

Nadal souhaitait d'Ignace un testament pour ses « fils », les jésuites. La préface de Nadal précise ce qu'il attendait d'Ignace. Il lui suggère une forme narrative, « un chemin […] depuis les premiers jours de sa conversion », terme de Nadal que n'utilise pas Ignace. Le sujet n'est pas tant Ignace – qui serait le héros – que le Seigneur qui a conduit Ignace. Dans une des rares études en français consacrées au Récit, Louis Marin notait que ne comptaient pas tant les événements de la vie d'Ignace que « la manière divine et gracieuse de sa formation2 ». Il poursuivait : « Le récit est, d'abord et essentiellement, la mise en intrigue par le Seigneur de [sa] vie. » Ce serait trop dire que Dieu est le personnage principal du récit, mais ce qui en fait la matière, c'est que le narrateur découvre que l'intrigue est nouée par Dieu.

Le Récit dresse l'éloge de Dieu. Il est en cela proche de la tradition hagiographique médiévale3. Ce faisant, non seulement Ignace ne s'attribue pas à lui-même d'honneur (il évite l'orgueil et la vaine gloire), mais surtout il répond bien à la demande de Nadal de livrer un récit qui permette à « ses fils » d'en recevoir une « instruction ». En visant la louange de Dieu, son éloge, le narrateur n'a pas craint d'énumérer les vices avec lesquels il dut lui-même se battre. Sans doute ne nous est-il guère familier de regarder en face les vices d'Ignace. C'est pourtant une des dimensions constitutives du récit, qui contrebalance l'éloge de Dieu. Le Récit déjoue ainsi toute volonté d'imitation qui pourrait s'emparer du lecteur, selon une logique qui mit dans l'embarras Ignace dans ses premières années de pèlerin. Ignace expose ses vices. C'est ainsi, comme nous l'avons rappelé, que Cámara présente ce qui fit naître le récit : Cámara venait de confier à Ignace qu'il se battait avec la vaine gloire. Même après sa décision d'imiter les saints à la suite de ses lectures, Ignace avouait, au soir de sa vie, avoir manqué longtemps des vertus les plus fondamentales.

Et alors, quand il se souvenait d'avoir à faire quelque pénitence qu'avaient faite les saints, il se proposait de la faire et même davantage. Et il trouvait toute sa consolation dans ces pensées, ne considérant aucune chose intérieure et ne sachant pas ce qu'étaient l'humilité, la charité, la patience, ni le discernement pour régler et mesurer ces vertus, mais toute son intention était d'accomplir de ces grandes œuvres extérieures parce que les saints en avaient accompli de pareilles pour la gloire de Dieu, sans considérer aucune circonstance particulière4.

La consolation évoquée par Ignace ci-dessus lui sert de guide, mais elle ne suffit pas. Il lui faut encore la considération, cette attention soutenue de l'intelligence qui cherche la vérité5, la mesure et les vertus. Peut-être la grande insistance aujourd'hui sur l'affectivité, nécessaire pour repérer la consolation, en est-elle venue à oublier les vertus et le rôle de l'intelligence dans la vie spirituelle. Il faut entendre par vertu un processus de formation et une dynamique transformatrice de l'individu qui le rend capable d'aller vers la vie bonne, c'est-à-dire, pour Ignace, la vie concrète avec le Christ. Le narrateur du récit retrace comment il découvre peu à peu, et après coup, la manière dont Dieu a combiné les événements qui lui sont arrivés.

Nous touchons ici à la compréhension proprement ignatienne de la conversion. Le désir de servir Dieu est venu très tôt à Ignace sur son lit de convalescence, sous la même forme que le désir d'aimer et de servir la « haute dame » qu'il voulait séduire. Mais ce désir envers Dieu était encore prisonnier de ses rêves d'imitation des saints et d'exploits. Le Récit raconte comment une personne persévère dans son désir alors même qu'elle le transforme. Ainsi se façonne son intériorité, au gré de ses décisions et de ses actions. Le désir demeure et sert de guide pour orienter sa vie, mais il nécessite son constant travail.

Promouvoir l'homme pratique intérieur

En dressant l'éloge de Dieu tout en peignant ses propres vices, Ignace entendait non pas se donner en modèle, mais lever le voile sur la manière qu'a Dieu de procéder avec les âmes. Le récit ne conduit pas à blâmer le passé du pèlerin car, bien qu'encore aveugle, Iñigo avait le grand désir de servir Dieu. Cette constance du désir est essentielle à saisir pour qui relit sa vie ou accompagne d'autres qui relisent la leur. Elle est marquée par une ambivalence quand le désir ne parvient pas à se dégager suffisamment des rêves et des modèles à imiter. C'est pourtant dans cette ambivalence du désir que s'exerce la bonté de Dieu, à condition que le sujet tienne avec persévérance à ce qu'il désire. La persévérance se comprend comme la capacité à poursuivre un bien difficile, ici servir Dieu. On pourrait esquisser une sorte de chronologie des étapes par lesquelles Ignace passe. Deux moments clés font franchir des seuils et permettent de penser en quoi consiste un itinéraire de conversion. Le premier seuil consiste à entrer dans la liberté par expérience de la miséricorde de Dieu ; le second à trouver la manière de servir Dieu en faisant usage de sa liberté. On retrouve sans peine ici la pédagogie des Exercices spirituels, mais aussi ce qui est au cœur de l'attitude attendue des jésuites en mission.

Faire l'expérience de la miséricorde

Le Récit s'ouvre sur une défaite et une blessure à Pampelune. Tiziano Ferraroni a noté que, dans cet événement, dont Ignace ne déclare jamais qu'il vient de Dieu, c'est une manière de se rapporter au monde et à soi qui intéresse Ignace6. Que ce soit à Pampelune dont la forteresse ne pouvait pas se défendre, de l'os de sa jambe qui ne pouvait pas guérir, d'une dame de si haute noblesse qu'il ne pourrait pas la servir, Ignace se présente toujours en lutte avec son imaginaire qui le rend incapable de voir la réalité. Le sommet de ce combat se joue à Manrèse, lorsque Ignace est assailli de scrupules, pris d'effroi devant la nouvelle vie qu'il venait de commencer. Se découvrant totalement impuissant à se changer lui-même, une nouvelle crise survient. Dans cet aveu d'impuissance, tenté par le suicide, Ignace passe au plus près de la mort parce que l'idéal dont il rêve et qui le conduisait se découvre impossible7. Or, au lieu que cette crise le conduise à son anéantissement, Ignace franchit, en s'adressant à Dieu, un premier seuil. Il accède dans une plus grande vérité à sa juste place.

Le surinvestissement dans l'imaginaire héroïque des exploits pour Dieu avait plongé Ignace dans une crise dont il trouve l'issue grâce à l'amour de Dieu, dont la parole est reçue comme une loi de vie. La force du désir passe au creuset de l'humilité à accepter la condition dans laquelle se trouve Ignace – avec son tempérament, son caractère. Il accède alors à la réalité (sortir du rêve de soi) pour entrer dans l'usage de sa liberté. Dans cet épisode dont le mouvement pascal est évident, apparaît l'homme intérieur nouveau que la suite du récit va consolider. Cet homme nouveau est celui que le Seigneur forme en faisant appel à ses capacités à mettre en œuvre sa liberté. Trois verbes marquent cette étape : « considérer », « décider » et « se trouver libre ».

Et là-dessus, le Seigneur voulut qu'il s'éveillât comme d'un rêve. Et, comme il avait déjà une certaine expérience de la diversité des esprits grâce aux leçons que Dieu lui avait données, il se mit à considérer par quels moyens cet esprit était venu. Et alors, il décida avec une grande clarté de ne plus confesser aucune des choses passées. Et alors, à partir de ce jour, il demeura libéré de ces scrupules, tenant pour certain que notre Seigneur avait voulu le délivrer par sa miséricorde8.
L'usage de la liberté

Ignace ne manqua pas de continuer d'éprouver de grands désirs de servir Dieu, mais il apprit peu à peu à les considérer en fonction des circonstances et à prendre les décisions qui alors convenaient. On le voit à Salamanque, alors qu'il était emprisonné, quand il décide d'aller étudier à Paris, mais aussi, une fois à Paris, étudiant, quand la vie de mendicité à l'hospice s'avère un obstacle aux études. Ignace évoque discrètement, dans le Récit, l'art de vivre qu'il met progressivement en place dans sa vie : sentir la consolation, considérer, décider. Sa personnalité s'unifie dans l'usage de l'affectivité, de l'imagination et de l'intelligence. L'épisode suivant articule discrètement ces différentes dimensions : Ignace considère un projet qu'il a élaboré et pour lequel il éprouve une consolation qui le confirme. Il recommande sa décision à Dieu, ce qui, dans le langage d'Ignace, signifie qu'il lui en abandonne l'issue dans l'indifférence et met en œuvre sa décision. Nous plaçons en italique les expressions qui ponctuent ce processus.

Après un certain temps de cette vie d'hôpital et de mendicité, voyant qu'il progressait peu dans les études, il se mit à réfléchir sur ce qu'il allait faire. Voyant que certains étaient au service de régents dans les collèges et avaient le temps d'étudier, il décida de chercher un patron.

La suite de l'épisode met explicitement en place ce qui assure à l'homme spirituel de suivre le Christ dans les conditions concrètes où il se trouve, et non dans le rêve à la poursuite d'un imaginaire de sainteté. Pour autant, Ignace ne manqua pas d'imagination et d'audace. Ce qui a été décidé et poursuivi avec persévérance le conduit à travers les situations avec souplesse et non pas obstination.

Il se livrait en soi-même à une considération et à un projet, où il trouvait consolation, qui étaient d'imaginer que son maître serait le Christ. Et, à l'un des écoliers en pension chez ce maître, il donnerait le nom de saint Pierre et à un autre celui de saint Jean et ainsi de suite pour chacun des Apôtres. « Quand le maître me donnera un ordre, je penserai que c'est le Christ qui me le donne et, quand ce sera un autre, je penserai que c'est saint Pierre. » Il mit beaucoup de diligence à trouver un poste de serviteur, il en parla d'une part au bachelier Castro et aussi à un moine du couvent des Chartreux qui connaissait beaucoup de régents, et à d'autres personnes également. Jamais il ne leur fut possible de lui trouver un maître.
À la fin, comme il n'avait pas obtenu de solution, un moine espagnol lui suggéra qu'il serait préférable pour lui d'aller chaque année dans les Flandres, d'y perdre deux mois, peut-être moins, afin d'en rapporter de quoi pouvoir étudier tout le reste de l'année. Cette solution, après qu'il l'eut recommandée à Dieu, lui parut bonne. Mettant à profit ce conseil, il rapportait chaque année des Flandres de quoi subsister médiocrement. Une fois il passa en Angleterre et il y recueillit plus d'aumônes que d'habitude ailleurs, les autres années9.

On retrouve ici sans peine les facultés mobilisées dans les Exercices spirituels : intelligence, imagination et volonté. Afin de surmonter un obstacle (vivre la mendicité ne lui permet pas d'étudier), Ignace considère la situation. Après avoir mis en œuvre plusieurs projets (avec soin ou diligence), il se décide à partir temporairement. Ignace a donc trouvé la mesure. La confirmation suivra, pratique : au retour de son premier séjour en Flandres, Ignace « se consacra avec plus d'intensité » à la fin qu'il poursuivait (aider les âmes) au moyen d'entretiens spirituels.

Ce qui est attendu des jésuites en mission

Les Constitutions articulent de la même manière ces temps du travail du désir. À ceux qui veulent servir Dieu dans la Compagnie de Jésus, faisant de ce désir le préalable nécessaire, les étapes de l'initiation jésuite les font passer par toute une série d'expériences où ce qui compte est l'apprentissage de cette séquence : sentir la consolation, considérer et décider. Le lien entre le Récit et les Constitutions apparaît ainsi nettement, et ce qui passe de l'un à l'autre, comme dans un testament, relève de ce processus par lequel chacun accède à une intériorité orientée vers l'aide du prochain. Ce processus de formation fait jouer à plein la relation avec un tiers, qu'occupe soit le supérieur, le général, les pairs ou l'ensemble de l'Ordre.

Dans les Constitutions apparaît l'attitude attendue des jésuites, qu'ils soient en mission ou dès le noviciat, selon un mouvement qui s'épelle en trois temps : considérer la situation et prendre conseil, recommander l'affaire à Dieu dans la prière en se rendant indifférent, décider ce qui convient10.

Celui qui serait envoyé dans un grand pays (tel que les Indes ou d'autres provinces), sans qu'aucune région de celui-ci ne lui soit spécialement désignée et délimitée, peut rester plus ou moins dans tel lieu ou tel autre ; ou bien, après avoir considéré toutes choses (se rendant indifférent dans sa volonté) et avoir fait oraison, il peut aller partout où il le jugera plus opportun pour la gloire de Dieu11.

Le récit fait apparaître en filigrane dans l'aventure d'Ignace les dispositions de l'homme intérieur que le jésuite doit être, un homme conduit par Dieu dans des situations concrètes où il fait preuve d'intelligence et de vertus pour répondre à l'appel de Dieu d'aider les âmes. On acceptera sans peine que cette proposition puisse être vécue bien au-delà de la Compagnie de Jésus, mais également qu'elle suppose le même type d'apprentissage au quotidien d'un désir qui s'éprouve dans le sentir, la considération et la décision à la mettre en pratique.

Ignace insiste sur la reconnaissance de l'œuvre de Dieu, essentielle pour progresser dans la vie spirituelle. Peut-être reconnaître et progresser sont-ils les termes clés des Exercices spirituels (n° 189) comme des Constitutions12. L'image de la conversion implique certes le rejet de la vie passée dans la pénitence13, mais cette étape ne constitue qu'un temps d'une vie spirituelle prise dans un plus ample développement. Ce développement ne peut être animé que par un désir qui se découvre pas à pas et qui permet seul de marcher vers Dieu, et qui conduit à l'aimer, dans la sortie de soi, l'amour du prochain et la découverte de la juste mesure avec laquelle vivre selon l'Esprit. Un terme désigne cette attitude, la « discreta caritas » qui allie jugement et charité, intelligence de la considération et imagination de la liberté.

Le modèle de la conversion donné par le Récit d'Ignace insiste sur la constance du désir de servir le Christ. Ignace persévère dans ce désir qu'il éprouve et reconnaît, et qu'il consent à travailler en faisant usage de son affectivité, de son imagination et de son intelligence. Ignace rompt avec son passé et fait pénitence. Mais sa réponse à l'appel du Christ transforme sa vie. Il n'y a pas d'autre modèle de conversion pour Ignace que celui par lequel chacun découvre l'œuvre de Dieu en lui et s'y accorde avec le jugement et la mesure que donne la charité au gré des circonstances.

 

Notes :

1 La préface de Nadal comme celle de Cámara se trouvent dans l'édition des Monumenta Ignatiana, Scripta de Sancto Ignatio de Loyola, Series Quarta, Tomus Primus, Madrid, 1904. On en trouve une traduction française dans Alain Guillermou, Ignace de Loyola et la Compagnie de Jésus, Seuil, « Points », 2007. Pour les citations des textes d'Ignace, nous suivons Ignace de Loyola, Écrits, édition de Maurice Giuliani, DDB, 1991.
2 L. Marin, « Le Récit, réflexion sur un testament », L'écriture de soi. Ignace de Loyola, Montaigne, Stendhal, Roland Barthes, édition de Pierre-Antoine Fabre et Daniel Arasse, Presses universitaires de France, 1999, pp. 143-144.
3 Voir, pour cela, l'introduction à Jacques de Voragine, La Légende dorée, édition publiée sous la direction d'Alain Boureau, préface de Jacques Le Goff, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », n° 504, 2004.
4 Récit, 14.
5 Dans les Exercices spirituels, la « considération » est une attitude qui revient régulièrement (parfois traduite en français simplement par le verbe « regarder » ou « voir », pour « mirar » en espagnol ; le plus souvent explicité par le verbe « considérer »).
6 T. Ferraroni, La brèche intérieure. La vulnérabilité du sujet devant Dieu. Une lecture d'Ignace de Loyola, Éditions des Facultés jésuites, 2020, pp. 123-126.
7 Successivement, dans le Récit, les paragraphes 1-2 et 21-24.
8 Récit, 25.
9 Récit, 71.
10 Pour une analyse détaillée de ce processus de formation, on se reportera à Patrick Goujon, Les Politiques de l'âme. Direction spirituelle et Jésuites français à l'époque moderne, Garnier, 2019, en particulier le chapitre 2 (Cf. Christus, n° 269, janvier 2021, pp. 120-121), ainsi que Patrick Goujon, « Discerner pour la mission », Christus, n° 254, avril 2017, pp. 102-112.
11 Constitutions, 633.
12 Il faudrait ici longuement s'interroger sur la traduction de provechar et aprovechar dans le lexique d'Ignace. Entre « progresser » et « tirer profit », le sens désigne le mouvement par lequel la vie humaine fructifie dans sa relation à Dieu (cf. Jn 15, 16).
13 Récit, 25.