Une autre interprétation de la Transfiguration est donc possible si l'on accepte que, dès l'époque de la rédaction du Nouveau Testament, les Écritures du judaïsme sont déjà répertoriées en trois classes d'écrits — Torah, Prophètes et Autres Écrits étant alors perçus comme la structure ternaire de composition du Livre Saint 1. Le récit de la Transfiguration nous invite donc à comprendre que Jésus détient en fait la place laissée encore disponible pour cette troisième classe d'écrits. Le Christ Jésus occupe dans ce récit la fonction de tous les sages d'Israël, comme Moïse celle de tous les législateurs et Elie celle de tous les prophètes. Les disciples sont en fait témoins d'une rencontre où la Torah, les Prophètes et la Sagesse entrent en conversation — un colloque au sein des Écritures.
Aidés par ce récit, retenons trois caractéristiques du rôle occupé par la Sagesse dans l'Ancien Testament : la Sagesse ouvre au dialogue au sein des Écritures ; la Sagesse fait circuler la Révélation dans le temps et dans l'espace ; la Sagesse opère un lien entre Dieu et le monde.
UNE OUVERTURE AU DIALOGUE
La littérature sapientielle est partagée entre de multiples locuteurs. Cette caractéristique est une des raisons de l'attrait que la sagesse continue d'exercer jusqu'aujourd'hui auprès des chercheurs de vérité. A priori, la quête de la sagesse n'est pas sujette à un dogmatisme étroit. S'il y a recherche, il faut qu'il y ait discussion, conversation, échange d'expérience. Pas de sagesse sans sages, et ici le pluriel est essentiel. La sagesse demeure chez beaucoup et, en réalité, elle se partage.
En orientant notre regard vers les personnes aptes à converser de sagesse, la Bible nous présente en premier lieu les rois. Salomon domine de haut, comme idéal, ce que tout souverain acquis...
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