Sur la montagne de la Transfiguration, les disciples de Jésus assistent à un entretien. Moïse, Elie et Jésus conversent familièrement. « Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blanc comme la lumière. Et voici que leur apparurent Moïse et Elie qui s'entretenaient avec Lui » (Mt 17,2-3). Traditionnellement, l'interprétation chrétienne de ce texte comprend que Moïse et Elie représentent la Loi et les Prophètes. Toute l'Écriture rend alors témoignage au Fils révélateur du Père. Pour entrer dans le propos de cet article, l'épisode de la Transfiguration offre un point de vue étonnant. Quelles sont en effet la place et les fonctions des écrits de sagesse dans l'Ancien Testament, qualifiés dans la structure de la Bible hébraïque du terme : Ketubim (« autres Écrits ») ? N'occupent-ils pas un rôle secondaire à côté de ces géants que sont la Loi (Torah) et les Prophètes (Nebiim) ? À entendre le récit de la Transfiguration, la sagesse ne semble pas avoir droit à beaucoup de considération : les vis-à-vis de Jésus sont le Législateur et le Prophète. Mais où est le Sage ?
Une autre interprétation de la Transfiguration est donc possible si l'on accepte que, dès l'époque de la rédaction du Nouveau Testament, les Écritures du judaïsme sont déjà répertoriées en trois classes d'écrits — Torah, Prophètes et Autres Écrits étant alors perçus comme la structure ternaire de composition du Livre Saint 1. Le récit de la Transfiguration nous invite donc à comprendre que Jésus détient en fait la place laissée encore disponible pour cette troisième classe d'écrits. Le Christ Jésus occupe dans ce récit la fonction de tous les sages d'Israël, comme Moïse celle de tous les législateurs et Elie celle de tous les prophètes. Les disciples sont en fait témoins d'une rencontre où la Torah, les Prophètes et la Sagesse entrent en conversation — un colloque au sein des Écritures.
Aidés par ce récit, retenons trois caractéristiques du rôle occupé par la Sagesse dans l'Ancien Testament : la