MGR CLAUDE DAGENS Évêque d’Angoulême, membre de l’Académie française. A récemment publié au Cerf : Méditations sur l’Église catholique en France : libre et présente (2008) et Entre épreuves et renouveaux, la passion de l’Évangile (Cerf, 2010), et chez Parole et Silence : Aujourd’hui l’Évangile, Passion d’Église (2009). Dernier article paru dans Christus : « L’Eucharistie, sacrement de l’événement pascal » (n° 214HS, mai 2007).
Le sacrement de la confirmation est à la fois très méconnu et très important aussi bien pour ceux et celles qui le reçoivent que pour ceux qui le donnent, généralement des évêques et parfois des prêtres qui sont leurs plus proches collaborateurs. C’est en faisant appel à mon expérience d’évêque que je voudrais souligner la place que tient et que pourrait tenir davantage ce sacrement dans l’initiation chrétienne, ou plus concrètement dans l’apprentissage d’une existence humaine où Dieu a la liberté d’agir et de façonner les consciences de ceux et celles qui s’ouvrent à Lui et accueillent le don de son Esprit.
« Sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu ! »
Cette parole accompagne le geste sacramentel lui-même, l’onction de l’huile sainte, du saint chrême, sur le front des confirmands. Ceux et celles qui sont marqués de ce signe n’oublient pas le chemin parcouru. Ils ont eux-mêmes choisi de franchir cette étape importante de leur vie chrétienne. Ils s’y préparent depuis plusieurs années. Ils savent que leur démarche est une réponse à un appel personnel. Des amis ou des membres de leur famille ont été pour eux comme des relais de Dieu. Leur engagement n’a rien d’automatique et encore moins de forcé. Il s’inscrit dans un parcours de formation à l’intérieur duquel la prière et l’écoute de la Parole de Dieu tiennent une grande place. Ce parcours est généralement inspiré par une pédagogie de la confiance que savent pratiquer patiemment les prêtres et les laïcs qui accompagnent ces futurs confirmés. Il faut préciser encore davantage : il s’agit de la confiance de Dieu plus forte que les hésitations, les questions et les doutes qui habitent ces jeunes. Le Frère Roger et la communauté de Taizé avaient compris cela depuis bien des années : nous vivons des temps marqués par l’incertitude ou par le désenchantement, et parfois par la désespérance. Sans avoir de mots pour le dire, beaucoup de jeunes souffrent de cette fragilité générale qui les enveloppe. L’affirmation et le développement de leur foi chrétienne ne peuvent pas ne pas être marqués par ces conditions culturelles et spirituelles dont ils ne sont pas responsables. Mais c’est une raison de plus pour que l’initiation à l’expérience chrétienne de Dieu passe par l’éducation à la confiance, à cette confiance primordiale dont la source est dans le coeur...
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