LA COLÈRE

La colère s'empare de nous lorsque nous sommes touchés, voire blessés, personnel­lement, par une parole, un geste, une situation ou tout autre chose qui nous met hors de nous-mêmes. Dans la tradition catholique, elle fait partie des sept péchés capitaux. Or dans la Bible, Dieu, le Père, ou même Jésus se met parfois en colère. Du coup, comment s'y repérer et faire face quand la moutarde nous monte au nez ?

UN PÉCHÉ : LAISSER LA COLÈRE DÉBORDER SANS RETENUE

Poings fermés, mâchoires serrées, visage rouge, voix forte... : quand la colère survient, cela se repère facilement. Ce bouillonnement intérieur conduit à des excès qui enveniment les relations. Certes, la colère guérit avec le temps, mais quand elle surgit, elle emporte tout sur son passage et nourrit secrètement un désir de vengeance. L'antidote s'appelle alors apaisement, temporisation, recul, prière... Tout doit être tenté  pour contenir ce qui ne peut que déborder si on laisse faire.

« Si la colère a déjà surpris et envahi ton âme et si elle a monté en toi, n'aban­donne pas ton rôle. Ton rôle est la patience, ton rôle est la raison ; la sagesse est ton rôle, ton rôle est de calmer l'irritation... Si tu n'as pas eu le dessus, mets alors un frein à ta langue ; ensuite n'omets pas de chercher la réconcilia­tion. »(Ambroise de Milan, Traité des devoirs - La colère)

UNE SAINTE COLÈRE : S'INDIGNER AVEC JUSTICE

Une idée fausse est assez répandue : le Dieu de l'Ancien Testament serait colérique et, à l'opposé, Jésus tout  doux. C'est oublier que le Seigneur est lent à la colère et plein d'amour (Ps 102, v 8). Alors que nos conduites injustes à son égard pourraient le révolter, il fait tout pour renoncer à faire violence (à la différence de nous) et, sans cesse, il nous offre le pardon. Dans les évangiles, Jésus pique aussi quelques saintes colères envers ceux qui devraient se comporter avec justice. Son indignation est la marque de celui qui, par amour, cherche à toucher le cœur de ceux qui se détournent de lui. Une saine colère n'accuse jamais,mais elle agit pour que le bien triomphe sur le mal. Elle ne fait pas crier, mais parler pour qu'un changement puisse advenir.

« On observait Jésus pour voir s'il guérirait, le jour du sabbat, l'homme qui avait la main atrophiée. C'était afin de pouvoir l'accuser. Jésus dit à l'homme : « Lève-toi, viens au milieu. » Et s'adressant aux autres : « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal, de sauver une vie ou de tuer ? ». Mais eux se taisaient. Alors, prome­nant sur eux un regard de colère, navré de l'endurcissement de leurs cœurs, il dit à l'homme : « Étends la main. .. Il l'étendit, et sa main redevint normale. » (Marc 3, 2-5)

QUEL ECLAIRAGE SUR MA VIE ?

La colère a différents visages dans nos vies. Mais son sur­gissement peut toujours nous raidir ou nous replier sur nous-mêmes, sauf si nous prenons quelques moyens simples pour la canaliser en vue soit de l'éteindre, soit de la transformer en paroles et actions au nom de la justice et d'un amour donné à part égale à chacun.

- LA COLÈRE ? JAMAIS PLUS DE 24 HEURES DE SUITE !

« Que le soleil ne se couche pas sur votre colère. » (Ephésjens 4, 26)

La colère peut nous habiter à l'égard d'un enfant, d'un conjoint, d'un ami, d'un voisin ou d'un collègue de travail. Le premier réflexe est de tomber dans l'auto-justification ce qui, en général, n'apaise pas la colère mais l'entretient. Aussi, même si le motif est légitime, la sagesse conseille de ne pas s'enfermer dans sa colère mais de la faire tomber. Pour cela, une parole ou un geste per­met souvent de calmer le jeu et de faire comprendre simplement à l'autre que j'ai été blessé. S'endormir apaisé donne à la journée du lendemain toutes ses chances pour résoudre le conflit.

ECOUTER CEUX QUI VIENNENT ME TROUVER

« Alors le fils ainé se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père sortit le supplier. » (Luc 15, 28)

Parfois nous nous mettons en colère et personne n'arrive à nous faire entendre raison. Nous devenons grognon et nous endossons le rôle de la victime incomprise. C'est comme si tout le monde nous en voulait. Impossible d'entendre la moindre remise en cause qui nous serait adressée car nous avons raison et les autres, bien évidemment, tort. Lorsque la colère nous fait refuser tout dialogue et nous conduit à juger durement les autres sans jamais concevoir que nous puissions avoir à nous remettre en cause, il est urgent de nous taire, d'écouter ce que des bons amis peuvent nous dire et de nous rappeler que nul n'est parfait... Même pas nous !

- GARDER INTACTE MA CAPACITÉ D'INDIGNATION

« La colère de Dieu se révèle du haut du ciel contre toute impiété et contre toute injustice des hommes qui, par leur injustice, font obsta­cle à la vérité. » (Lettre aux Romains 1, 18)

La colère nous prend lorsque nous sommes témoins d'une injustice : une personne qui ment pour tromper, ou un « grand » quiécrase un « petit » sans défense... La colère se lève en nous quand l'inadmissible, l'inhu­main, nous pousse à intervenir. Mais assez vite la peur peut stopper notre élan, ou l'impuissance paralyser notre bonne intention (« Je ne peux rien faire à mon niveau... d'autres sont mieux placés... »). Pourtant, sans se considérer tout de suite comme le sauveur du monde, nous ne pouvons pas rester inactifs. En parler avec d'autres aide alors à trouver le geste quiconvient pour que l'injustice n'ait pas le dernier mot.

Louise Ampenac

 

« Vers Dimanche » est une proposition originale dans la galaxie spirituelle catholique. L’idée est d’entrer dans une plus grande familiarité avec la parole de Dieu, en se concentrant sur l’évangile proclamé du dimanche à venir. Chaque jour, une piste de prière donne une ouverture sur le passage évangélique du dimanche à venir. Cette première offre est gratuite et se décline comme application smartphone et sous la forme d’un PDF à imprimer et à glisser dans sa poche. A cela s’ajoute maintenant un mensuel « Vers Dimanche + » qui ajoute à « Vers Dimanche », des contenus spécifiques : un « Guide de Pratique Spirituelle », du « Grain à Moudre » avec des écrits du pape François, et « Souffle Imprévisible » une chronique ancrée dans le quotidien. Venez rejoindre les milliers d’aventuriers spirituels qui vivent chaque jour au rythme de la Parole de Dieu.

Nous vous proposons de découvrir l'article La Colère, paru en février.

 

Pour en savoir plus sur Vers Dimanche, rendez-vous ici