Commençons par dire que la Bible est le livre idéal pour penser la répétition, car penser la répétition nécessite un certain nombre d'ingrédients. Le premier est que quelque chose dans le corpus soit clos. Si l'ensemble est trop vaste, s'il est trop ouvert, si chacun peut enlever ou rajouter un texte, alors bien repérer ce qui se répète s'avère impossible. Paradoxalement, la clôture du texte biblique ouvre donc à l'étude des détails et à l'interprétation, de la même manière que travailler un petit jardin est plus propice aux découvertes qu'un grand champ. Il y est plus facile de reconnaître les mauvaises herbes, la grandeur de l'ombre en fonction des saisons, les coins ensoleillés ou trop ventés. Dans la Bible, la répétition se remarque et devient un lieu de travail parce que le terrain n'est pas extensible.

Le deuxième trait qui fait de la Bible un terrain propice est la relative stabilité des éléments de l'histoire. Un même peuple creuse, génération après génération, une même singularité, prolonge un dialogue avec le même Dieu, au cœur d'une commune humanité qui habite un territoire qui ne fluctue que peu. Il y a bien des exodes et des exils, mais que l'on fait à pied. Cette stabilité permet de répéter les mêmes contours et, ce faisant, de les approfondir.

La troisième raison a trait à la mémoire. La répétition requiert qu'une mémoire soit à l'œuvre. Dans l'oubli, rien ne se répète ou, plus précisément, ce qui revient ne peut être l'objet d'un travail. On peut se répéter sans le savoir mais repérer la répétition suppose qu'on en garde la trace. La Bible est le corpus parfait pour cela. Le souvenir et la