Vie Chrétienne, 2009, 150 p., 10 euros
Ce livre est déconcertant. Sorte de reprise de la troisième semaine des Exer­cices spirituels d’Ignace de Loyola, il se présente comme une contemplation du mystère de la Passion de Jésus, depuis la Cène jusqu’au Calvaire. Mais, conjuguées avec cette démarche très personnelle, ce sont deux approches venues d’horizons différents : d’une part, le lecteur trouvera des remarques exégétiques tirées aux bonnes sources, reprenant la dynamique de rapprochements suggestifs quoique classiques (de la tentation à Gethsémani aux tentations au désert, de la rançon pour la multitude à l’amour des enne­mis, du sacrifice d’Abraham au sacrifice selon l’Esprit, et bien sûr de l’agneau de Dieu au Serviteur évoqué par Isaïe) ; d’autre part, l’ouvrage est parsemé des leçons d’histoire contemporaine faisant saillir quelques ambiguïtés du langage liturgique postconciliaire et quelques témoignages spirituels très forts.
Porté par cette contemplation qui ouvre à l’intelligence actuelle des Écritu­res, le lecteur ressentira peut-être mieux la densité de ce titre un peu abstrait L’offrande de Dieu : le don de soi que nous faisons à Dieu est précédé par l’offrande que Dieu nous fait. Cette découverte toujours recommencée nous entraîne à vivre de la vie de Dieu dans l’abandon aux autres. Nous sommes ainsi livrés, comme Jésus, non pas simplement aux individualités qui remplissent nos exis­tences, mais – c’est là un des points les plus originaux de ce livre – aux institu­tions et aux autorités qui représentent « la multitude ».