Lethielleux, 2005, 172 p., 16 euros.

Prière liturgique de l’office, prière silencieuse personnelle, prière charismatique : comment s’influencent-elles réciproquement ? Et dans ce contexte, la prière liturgique, l’Opus Dei comme l’appelait saint Benoît, doit-elle toujours être considérée comme supérieure à toute autre forme de prière privée ou commune ?
Telle est la question que Dom Louf éclaire — avec la finesse et l’érudition qu’on lui connaît — en interrogeant la tradition prémonastique des Pères du désert, saint Benoît lui-même, et enfin le grand Ruusbroeck, témoin du passage de la louange liturgique à l’expérience mystique. Avant lui, sainte Gertrude d’Helfta ne disait-elle pas : « Lors de chacune des sept heures de l’office, recueille-toi tout entière à l’intérieur de toi-même, afin de pouvoir tenir colloque avec l’Amour » ?
Une telle invitation suppose un subtil équilibre entre la partie vocale et la partie silencieuse de l’office, des pauses contemplatives qui, par leur densité de silence et de recueillement, permettent à l’Esprit de rejoindre le mouvement de prière que suscite le psaume. Le coeur peut alors épouser celui-ci et en faire sa propre prière.
La réintroduction de telles pauses dans nos célébrations liturgiques a peut-être constitué, estime Dom Louf, « la mesure spirituellement la plus importante parmi celles qui ont été préconisées par le dernier concile ». Une mesure qui semble encore loin d’avoir été mise en oeuvre dans l’ensemble de nos célébrations.