Pendant longtemps, et encore souvent aujourd’hui, a prévalu une distinction. À l’hôpital, on désignait par soignants ceux qui accomplissaient les « actes de soin » qui leur étaient prescrits. Au médecin la responsabilité du diagnostic et de la prescription, aux « soignants » dits aussi « para-médicaux » les tâches d’exécution. Cette distinction a été contestée notamment depuis le développement des soins palliatifs. La nécessité d’y établir des rapports fondés sur l’échange d’informations et la concertation a conduit à récuser toute forme de hiérarchie qui ferait obstacle à l’interdisciplinarité. Dans cette perspective, le médecin, lui aussi, « prend soin » du patient et, à ce titre, est appelé à se reconnaître un « soignant » qui ne peut remplir sa tâche sans la collaboration d’une équipe dont il est lui-même membre.
Tel est le langage que nous adopterons dans cet article, sans récuser la distinction des tâches et des responsabilités, sans nier que demeurent en bien des institutions sanitaires des rapports hiérarchiques excluant toute concertation entre des médecins prescripteurs et des « soignants » appelés à exécuter les ordres reçus. Ce qui peut devenir source de profondes divergences et de conflits mal résolus, avec le malaise et la souffrance que cela peut engendrer.

 La relation de soin

La relation de soin est profondément asymétrique : une personne en possession de tous ses moyens met en œuvre sa sollicitude envers un être marqué par une très grande vulnérabilité. Mais cette asymétrie n’exclut aucunement la réciprocité. Le