Mgr Albert ROUET Archevêque émérite de Poitiers. A récemment publié : L’Eucharistie et l’humanité (Anne Sigier, 2008), J’aimerais vous dire… (avec D. Gira, Bayard, 2009), Vous avez fait de moi un évêque heureux (avec É. Boone et M. Taillebois, L’Atelier, 2011). Dernier article paru dans Christus : « Situer l’indifférence » (n° 200, octobre 2003).  
 
Toutes les époques de mutation, surprises par les nouveautés, complexes dans leurs mouvances, traversent des crises de la transmission. Une crise, parce que les usages habituels se grippent ; et une crise de la transmission devant l’obsolescence de pratiques assurées et l’étrangeté de surgissements inattendus. Entre le raidissement et l’accueil, ces moments oscillent, indécis, inquiets, curieux ou apeurés. Notre temps n’y échappe pas. Sa vitesse d’évolution s’accélère à un rythme que l’histoire ignorait jusqu’ici. Que l’héritage des siècles passés soit mis en question ne saurait surprendre. C’est le contraire qui étonnerait ; sauf à s’aveugler de peur. Cette évidence ne conduit pas à tout accepter ni à tout rejeter de ce qui se présente. Elle attend de revenir vers ce qui est transmis : le contenu de l’héritage ; donc, elle oblige à trier. En ouvrant le Concile Vatican II, Jean XXIII distinguait : « Autre est le dépôt lui-même de la foi… autre est la forme sous laquelle les vérités sont énoncées » 1. Dans l’histoire, le pape soulignait que l’Église, « au fur et à mesure que passent les siècles, renouvelle sa beauté » 2. L’héritage ne se limite pas à posséder le passé : la notion n’est pas aussi simple