La « rythmocatéchèse » a été inventée par le P. Marcel Jousse (1886-1961), jésuite français, entre 1925 et 1930. Présentée pour la première fois en 1929 au Théâtre des Champs-Élysées dans le cadre d'un congrès international de psychologie, elle provoque un certain émoi dans le Paris de l'époque. Émerveillement des uns, rejet par les autres, à commencer par l'archevêque à qui l'on n'avait demandé aucune permission : les textes mis en scène n'étaient autres que des extraits d'Évangiles. L'époque des gospels n'était pas encore venue ! Devant ces difficultés, le P. Jousse décide de limiter la transmission des récitatifs bibliques à de tout petits cercles, en attendant des jours meilleurs. Douze ans après sa mort, à la suite de demandes instantes, Gabrielle Baron (son ancienne secrétaire et dépositaire de l'ensemble de son œuvre) relance des groupes d'appreneurs qui ne cessent de travailler depuis trente ans, souterrainement, avec des enfants… Depuis cinq à dix ans, cependant, certains diocèses s'ouvrent à cet apport encore très peu connu
Précisons que l'invention du P. Jousse se déploie aujourd'hui en trois rameaux complémentaires : 1. Le répertoire composé par le Père et sa musicienne (Gabrielle Desgrée du Lou), révisé il y a une dizaine d'années pour tenir compte des progrès de l'exégèse ; 2. L'Évangile selon saint Marc entier, composé par Bernard et Anne Frinking, membres de l'Église orthodoxe ; 3. Le répertoire composé depuis vingt-cinq ans par l'auteur de cet article, puisé surtout dans l'Évangile selon saint Luc et destiné d'abord à des enfants de trois à dix ans.


CARACTÉRISTIQUES DE LA RYTHMOCATÉCHÈSE


La rythmocatéchèse n'est pas une méthode se suffisant à elle-même, mais un apport utilisable dans tout parcours catéchétique suffisamment soucieux de nourrir les enfants de la Parole de Dieu. C'est une façon globale et active de mémoriser la Parole afin de pouvoir « la goûter et la savourer intérieurement », suivant la recommandation de saint Ignace dans les Exercices spirituels. Elle comporte trois données indissociables : 1. Des traductions fidèles ; 2. Des musiques au service du texte ; 3. Des gestes.

Des traductions fidèles


Une traduction fidèle doit restituer les structures d'oralité présentes dans les textes originaux, tout en évitant de malmener la langue française. Pas question non plus de tronquer un récit ou un enseignement sous prétexte de l'adapter aux enfants. Il est vraiment dommage, à cet égard, de ne pouvoir utiliser aucune des trois traductions de référence dans la culture chrétienne actuelle : la Bible de Jérusalem, la TOB ou la Bible liturgique. En effet, aucune des trois ne restitue suffisamment les structures orales des textes originaux. Par exemple, dans Zachée, les deux paroles de Jésus comportent l'écho d'un tandem de mots : « Aujourd'hui, dans ta maison il me faut demeurer » ; « Aujourd'hui, le salut est là pour cette maison » (Le 19,5.9...
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