« Maintenant, je crois que je vais vivre ma vie comme une célébration. » Anonyme
 

« Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? » (Exode 17,7). La question de la présence de Dieu au cœur de l'épreuve est ancestrale puisque déjà le peuple juif de l'Ancien Testament se la pose. C'est donc avec cette question que je propose une relecture de la présence de Dieu au cœur de l'expérience du handicap ou de la maladie. Oh, rien d'évident, pas de conscience sur le moment mais un regard posé sur l'expérience et les signes donnés et relus a posteriori, fruit de l'exercice de relecture auquel nous invite la spiritualité ignatienne.

Accompagner des situations désespérées

J'ai exercé comme médecin hospitalier, spécialisée en médecine physique et réadaptation, auprès des personnes cérébrolésées, en éveil de coma ou en état végétatif ou pauci-relationnel. Nous devions investir dans le petit progrès, la petite récupération, alors que l'on aurait souhaité pouvoir guérir, mais il était impossible pour le patient de tout récupérer et de redevenir comme avant. Mon désir inconscient d'être un médecin « guérisseur », non loin d'une toute-puissance imaginaire, s'est alors déplacé vers le soin, vers le « prendre soin » (care) de l'autre, dans l'accompagnement de ces situations dramatiques. Ce terme « accompagner » vient du « partage du pain » (cum pagnere) par les compagnons de France, il sous-entend une prise en charge globale de l'homme malade dans ses dimensions physiques, psychologiques, sociales et spirituelles.

La position radicalement choisie fut d'espérer l'autre, quel qu'il soit, dans sa blessure et avec sa blessure.

Ce travail s'est approfondi au fur et à mesure des années, tout particulièrement dans l'accompagnement de situations de grande souffrance. J'ai, pendant ces années passées auprès de ces personnes très abîmées par la vie, appris par elles et leur famille à espérer, à goûter la vie. Il y eut aussi des moments de grand désespoir où la souffrance vécue risquait de nous enfermer. Mais le service tenait,