
réunit les religieux.
Touchant est en particulier le parcours monastique de frère Jean-Pierre, sans prétention ni ambition, de l’abbaye bretonne de Timadeuc à l’Algérie, en réponse à l’appel du cardinal Duval soucieux que des chrétiens viennent renforcer l’Église locale après l’indépendance. Chez lui, saint Benoît et la spiritualité cistercienne semblent trouver un nouveau souffle dans la découverte de figures comme le bienheureux Charles de Foucauld et Albert Peyriguère. Comme le dit humblement ce fils de meunier lorrain, « les moulins de Dieu travaillent lentement, mais leur mouture est terriblement fine ».
Dans ce monastère battu par les vents de l’Atlas, sur ce site même de Midelt doit se poursuive désormais un peu de l’esprit de Tibhirine, c’est-à-dire essentiellement une présence, une convivialité auprès de populations musulmanes pauvres et démunies. À la suite de Christian de Chergé, il s’agit aussi de favoriser à certains moments une vie de prière, une méditation suivie au contact direct des textes et des croyants de l’islam à travers la fameuse intuition du Ribât el Salam, loin de certains affrontements intellectuels stériles ou des préjugés réciproques. Non, la mémoire des sept moines n’appartient pas au passé, elle doit encourager des initiatives nouvelles d’échange et de dialogue.
Marc Leboucher