"Ne fuis pas la conversation des vieillards
Eux-mêmes ont appris de leurs pères
car auprès d'eux tu acquerras l'intelligence
et l'art de répondre en temps voulu."
Siracide 8,9
 
 

Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l'Évangile ; car c'est pour cela que je suis sorti. » C'est ainsi que les disciples, selon l'évangile de Marc (Mc 1,38) laissèrent derrière eux et avec regret « toute la ville qui se pressait à la porte de la maison », sans pouvoir le ramener ni à la raison, ni à la maison. Sortir pour proclamer, du latin pro-clamare, « crier fortement », « pousser de grands cris », « rendre public » : telle est la vocation de Jésus, le Verbe de Dieu sorti pour parler car, « au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1).

Jésus assume sa mission en instruisant dans les synagogues, sur la montagne, dans les maisons, en enseignant comme un homme public qui a autorité. Il sort, il marche, il va au-devant du tout-venant, mais il se laisse aussi rencontrer, toucher, rejoindre et, dans ces cas de rencontre de personne à personne, Jésus oublie la proclamation ou l'enseignement pour « entrer en conversation », au sens étymologique (du latin, conversari) de « se tenir habituellement dans un lieu, vivre avec quelqu'un ». Il entre dans l'univers de l'autre et, sans prendre la place de son hôte, il se laisse accueillir. Jésus quitte alors la posture de maître, d'enseignant, de rabbi pour devenir un conversant parmi d'autres.

Nous pensons que cette manière d'être personnelle, voire intime, est l'autre versant indissociable de la proclamation de la Bonne Nouvelle, et donc de toute forme d'évangélisation. Ces conversations émaillent les évangiles et ont quelque chose à dire à nos communautés chrétiennes, notamment sur les liens qui s'y tissent et sur ce qu'elles donnent à voir à la