Depuis vingt-cinq ans, j'exerce comme pédiatre en cabinet de ville. Je reçois en consultation des enfants et leurs familles, pour un suivi régulier ou en situation d'urgence. Au fil du temps s'instaure souvent entre l'enfant, la famille et moi-même une relation de confiance, menant à une aide à la parentalité, une guidance familiale qui s'apparentent parfois à un accompagnement. Mon objectif premier est d'aider les familles à être autonomes (pour ce qui concerne la santé et la croissance de leur enfant), à développer leurs compétences parentales, à prendre les meilleures décisions pour chacun, parents aussi bien qu'enfant, et petit à petit à avoir de moins en moins besoin de leur médecin. L'emprise ne devrait avoir aucune place dans ce cadre. Et, pourtant…

Dans les lignes qui suivent, je voudrais, à partir de mon expérience personnelle, parler des risques de l'emprise dans une relation patient-médecin et tenter de l'élargir à toute relation soigné-soignant. J'utiliserai le terme d'emprise dans le sens d'abus de pouvoir, voire d'abus de conscience.

Le risque de l'emprise « ordinaire »

La consultation médicale est une situation qui peut malheureusement se prêter à l'emprise. Nous n'évoquerons