Le livret des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola est un manuel en fonction d'une pratique, comme l'indique déjà le mot « exercices » dans le titre. Une des originalités du livret est qu'il ne s'adresse pas à celui qui veut faire ces exercices, mais à celui qui guide quelqu'un dans ces exercices. Ignace fait entrer la relation entre maître et disciple dans la structure même de son manuel. Il ne faut donc pas s'attendre à y trouver un exposé sur l'importance de l'écoute tout au long de l'expérience proposée. Néanmoins, l'écoute se révèle indispensable, aussi bien pour celui qui donne les exercices que pour celui qui les reçoit.

Vocabulaire

Que nous apprend l'étude du vocabulaire ? Chose surprenante, le verbe escuchar (« écouter ») n'apparaît pas dans le texte autographe des Exercices spirituels ! En revanche, le verbe oír, qui signifie d'abord « entendre » et ensuite « écouter », est employé neuf fois, ce qui est peu. Le verbe hablar (« parler »), par exemple, compte quarante-deux emplois. Ce serait une conclusion hâtive que de penser que, dans les Exercices, on parle plus qu'on n'écoute ! Le substantif oído (« ouïe ») n'apparaît que deux fois. Une première fois, dans le texte sur l'examen général de conscience, comme expression : dar oído (« prêter l'oreille »), et ensuite dans le passage où est expliquée l'application des sens : oír con el oído (« entendre avec l'ouïe »), ce qui est formulé, dans le texte sur l'enfer, de la manière suivante : oír con las orejas (« entendre de mes oreilles »). Dans le même champ sémantique, le texte emploie à un seul endroit le mot sordo (« sourd »). Il s'agit du second préambule dans l'« Appel du roi temporel » : « Demander à notre Seigneur la grâce que je ne sois pas sourd à son appel… » Ne pas être sourd, est-ce la même chose qu'écouter ?

Que nous apprend le contexte de ces différents