Trad. P. Lebeau et J.-P. Sonnet. Lessius, coll. « Le livre et le rouleau  »  , 1999, 265 p., 129 F.

Spédaliste de littérature comparée à Berkeley, Robert Alter nous fait relire un bon nombre des récits contenus dans le Pentateuque et les Livres historiques. Son propos est de faire découvrir, que l'on soit ou non initié à la méthode historicocritique, que les récits de la Bible sont avant tout des oeuvres d'art. Sans nier l'intérêt d'identifier leurs sources, il démontre que ces oeuvres de « prose-fiction », ainsi qu'il les appelle sont des textes conçus par les rédacteurs de leur forme définitive comme des compositions parfaitement concertées. Leur réalisation met en oeuvre des règles artistiques précises, qui ont probablement donné aux écrivains qui les ont produites un aussi grand plaisir que celui qu'elles promettaient à leur lecteur ou à leur auditeur israélite.
Or ce plaisir peut devenir le nôtte, pour peu que nous nous laissions initier à la signification des procédés employés : répétition de mots-clés ou de thèmes, apparition de scènes-types, narration rapportée sous forme de dialogue entre ses personnages, discrétion du narrateur qui néanmoins se permet parfois d'interpréter la pensée de Dieu, description progressive du caractère des personnages de cette sorte de comédie humaine à fond historique...
Grâce à ces procédés, c'est aussi toute une théologie qui se trouve exprimée, au premier plan de laquelle on trouve l'affirmation monothéiste de la foi d'Israël.
Un livre pas toujours ttès facile à lire, malgré la qualité du français des traducteurs, mais assurément suggestif, plein de conviction, ttès érudit, et qui donne envie de se plonger et replonger dans ces pages magnifiques qui sont parmi les plus anciennes de la Bible.