Durant ce mois de mai qui déroule le mystère pascal, on trouverait beaucoup de profit spirituel à reprendre « l’apparition à Notre-Dame », une des contemplations les plus originales et les plus étonnantes des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola (ES, n° 218 et 299).

Originale, car cette contemplation, qui est issue d’une très ancienne tradition, ne s’appuie sur aucune scène évangélique. Elle fait vivre avec la « mère bénie » du Christ le chemin qui va de la « douleur » de la Passion à « l’allégresse » qu’engendre en Marie et en nous, la joie du Ressuscité. 

Etonnante aussi, cette contemplation ! Elle nous apprend à nous réjouir de la joie d’un autre, telle est la grâce qu’Ignace nous propose de partager avec Marie. La présence joyeuse du Ressuscité rompt mystérieusement l’isolement mortuaire et froid du sépulcre. Mais le plus surprenant vient là : loin d’atténuer la douleur ou de s’y substituer, la joie de Jésus ressuscité nous détourne de toute prostration. Elle nous ouvre à une joie qui nous vient d’un autre. Aussi vive soit-elle, notre douleur, qui nous repliait sur nous-même, nous est comme « donnée » et nous tourne maintenant  vers d’autres. Imprégnée de la joie pascale elle ne fait plus obstacle à la consolation qui nous remet en mouvement, elle nous fait entrer  dans une « compassion » juste et active. 

Voilà de quoi nous éclairer et nous apporter le souffle intérieur nécessaire pour traverser les épreuves qui bouleversent et questionnent la foi de beaucoup dans l’Eglise. Avec Marie laissons la joie nous décentrer de notre douleur et nourrir le dynamisme d’une présence féconde à l’Eglise. « L’apparition à Notre-Dame » commence au tombeau pour s’achever à Nazareth, dans la demeure où Jésus fut conçu en Marie par l’Esprit : comme Marie, nous sommes appelés à retourner dans les lieux de notre vie ordinaire mais pour y être tous ré-engendrés à une vie nouvelle.