Il est difficile de parler d'une anthropologie des Pères de l'Eglise car chacun d'entre eux a sa manière propre de formuler la conception chrétienne de l'homme On peut néanmoins tenter de dégager quelques constantes et d'expliciter quelques présupposés communs, tout en restant conscient de la part d'arbitraire que comporte inévitablement ce genre d'entreprise
La tâche est d'autant plus délicate que les Pères utilisent souvent avec souplesse une terminologie et des schèmes de pensée empruntés au monde hellénistique ambiant pour exprimer une doctrine qui, sur certains points essentiels, est en contradiction avec les systèmes philosophiques qui ont créé ce langage. Il faut alors faire l'effort de discerner, sous l'écorce des mots et des formules, la pensée véritable qu'ils peuvent traduire et voiler en même temps.

L'homme, créé à l'image de Dieu


Le langage dont usent les Pères donnerait parfois l'impression que comme les platoniciens, ils partagent l'univers entre un monde intelligible et un monde sensible et matériel. Cependant il apparaît que pour eux, la distinction essentielle ignorée des philosophes, se situe entre l'Incrée et le créé, entre le Créateur et les créatures. Ils partagent assurément le monde créé entre un monde intelligible comprenant les anges et les âmes humaines, et un monde sensible qui inclut tous les autres êtres, des animaux aux particules élémentaires. Mais entre le suprême Intelligible proprement divin, et les créatures douées d'intelligence se creuse l'abîme qui sépare l'Incrée du créé.
En rupture avec les thèses platoniciennes ou gnostiques (qui sont de tous les temps), les Pères affirment que les anges et les âmes humaines, tout en ayant une nature