Tout ce qui touche à la famille suscite des attentes très vives et des réactions contrastées. Incidence des valeurs engagées, certes, mais aussi des réalités et des blessures anciennes ou plus récentes de notre vie affective, immédiatement ravivées. C’était déjà le cas, manifestement, au sein des premières communautés chrétiennes, et les mots de Paul à l’égard des Éphésiens sont presque violents : « Jugement vide, pensées enténébrées, conduites païennes, soumission… » (Ep 4).
Pourtant, malgré les images aujourd’hui décalées et à travers les rapports inégalitaires de l’époque, Paul indique une source et un critère ultime des relations familiales, qui renverse les perspectives. Avant une indispensable éthique des relations, c’est l’amour dont le Christ aime l’Église qui fonde et valorise dans la foi toute relation intime, conjugale et parentale, plus solidement qu’un modèle familial nécessairement soumis aux cultures. Le désir d’aimer l’autre avec miséricorde, jusqu’à se mettre à sa place et se livrer pour lui ; voir en lui ce qui rayonne de Dieu et donne d’espérer ensemble ; lui accorder le même soin, la même prévenance qu’à notre propre corps (Ep 4,17-18), cette dynamique de l’amour ne peut qu’être reçue et éprouvée gratuitement, en famille ou en communauté de foi, pour être vécue et transmise.
C’est donc une grâce, nous dit Paul, une présence de l’Esprit de paix et de vérité au cœur de nos relations, qui se demande et se fortifie dans la prière. Elle nous ouvre à un Dieu toujours plus intime et surprenant, ami des hommes.