Les divers confinements auxquels a conduit la pandémie de Covid-19 ont eu de nombreux retentissements. Souvent malheureux, parfois même dramatiques pour certaines catégories de la population. Mais, même en ce cas, le proverbe trouve à se vérifier, qui dit qu'« à quelque chose, malheur est bon ». En ce qui concerne les chrétiens, la frustration de messes, c'est-à-dire non seulement du sacrement de l'eucharistie comme tel mais de tout ce que favorise et demande le rassemblement dominical comme vie de fraternité paroissiale (échange de nouvelles, rappels de réunions, joie de se retrouver, etc.), est l'occasion de redécouvrir des vérités que le temps « normal » risque de faire oublier. C'est précisément l'une de ces vérités que je voudrais réveiller par la présente réflexion : la messe n'est sûrement pas secondaire, puisqu'elle est, comme le dernier concile l'a si fortement souligné, « la source et le sommet de toute vie chrétienne » (Lumen gentium 11) ; elle n'en est pas moins seconde, puisqu'elle ne vient à sa « vérité » qu'en s'accomplissant dans une éthique de charité. Voilà bien une chose qui mérite d'être reconnue comme essentielle, donc appartenant à l'essence même de la foi chrétienne. C'est bien parce qu'il en va ainsi qu'il est si facile de le montrer, et cela à partir de la tradition liturgique elle-même, en tant qu'elle s'inscrit dans le sillage de la tradition biblique (y compris celle du Premier Testament) et de la tradition patristique. Même la grande théologie scolastique, celle de saint Thomas d'Aquin ou de saint Bonaventure, ne l'a pas oublié… C'est tout cela qui s'est en quelque sorte « précipité » dans les textes de Vatican II. Et tout cela est lourd d'enjeux aussi bien spirituels et pastoraux que proprement théologiques.

La messe n'est pas une fin en soi

Le fait que la présente réflexion s'enracine prioritairement dans la tradition liturgique demande d'abord un brin d'explication. Celle-ci se trouve dans l'adage désormais