Joie pour nous de vous présenter de nouveau ce hors-série qui a remporté tant de succès depuis sa première édition en 1992. Ce dossier sur l'accompagnement spirituel, devenu un best-seller de Christus, manifeste vos centres d'intérêt. Il témoigne aussi des attentes de l'Église et de nos contemporains. Voici donc une sixième réédition. Cependant, en trente ans, du nouveau est apparu ou, du moins, nous ne pouvons plus parler de cette mission si singulière de manière tout à fait identique. En ce sens, nous avons revu et augmenté le dossier, au point d'en redessiner le rubriquage.
Au fil des articles, nous remarquons premièrement que l'appellation varie : accompagnement spirituel, direction spirituelle, paternité spirituelle voire maternité spirituelle. Nous pourrions y percevoir comme une hésitation. En famille ignatienne, la première expression est devenue classique. Pour autant, les autres ne sont pas à bannir trop rapidement. Car elles indiquent chacune un caractère propre à cette situation où deux êtres de foi se rencontrent en vue de mieux écouter le Seigneur, en vue d'interpréter les signes de son Esprit. Ainsi nous pourrions parler de « direction » spirituelle, lorsque la personne reçoit des conseils ou des directives pour formaliser sa prière et ses journées, ou bien pour préciser une méthode de discernement préalable à une décision. La direction s'exerçant sur la forme et non pas sur la conscience. Quant à l'expression « père spirituel » ou « mère spirituelle », elle remonte aux Pères du désert, moment où tout ermite reconnaissait l'importance de rencontrer un ancien. Ces conversations, assez rares somme toute, aidaient à entrer dans la filiation divine : « Car vous n'avez qu'un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux » (Mt 23, 8-9).
Là se trouve la subtilité et ce fut pour nous un premier appel à renouvellement. L'ermite entre dans une tradition qui donne sa confiance à un homme ou une femme plus expérimenté e que lui. Tout en même temps, cet apprenti ou disciple a appris à faire la part des choses. Son seul Père et Maître, c'est Dieu. Le seul à qui il doit ultimement obéissance, c'est Dieu. Les temps récents nous apprennent malheureusement que cette relation d'autorité spirituelle et de confiance a été trop souvent dévoyée et même pervertie. Nous avons ainsi repris des articles récemment publiés dans le numéro sur l'accompagnement sans emprise. Et puis nous avons lancé quelques commandes tout spécialement autour de la dimension psychoaffective, de la supervision et du rapport à la loi.
Deuxième appel à renouvellement : la fragilité nécessitant une pédagogie explicite. Aujourd'hui, bon nombre de nos contemporains souffrent d'une fatigue profonde. Dans le même temps, la fragilité des personnes se manifeste davantage. Est-elle due à l'enchaînement des crises, à la diffic...