Ed. J. Gagey. Jérôme Millon, 2001, 397 p., 34 €.

L'origine du Traité sur l'abandon demeure une énigme. Composé vers 1740 dans l'entourage dévot du monastère de la Visitation de Nancy et diffusé sous le nom du P. Jean-Pierre Caussade, il a connu un étonnant succès, depuis sa publication en 1 861 jusqu'à sa dernière édition, celle du P. Olphe-Galliard en 1966 chez Desclée de Brouwer dans la collection « Christus ».
L'auteur de cette nouvelle édition, suite à un travail critique minutieux et parfois peu amène envers l'édition précédente, l'attribue à une dame de Lorraine liée à la Visitation, qui fut une dirigée de Caussade. Ce Traité de la vraie science est complété par la reproduction de trente-deux lettres authentifiées de Caussade à sa dirigée. Une longue préface met les pièces du dossier historique dans les mains du lecteur de ces deux documents, lui réservant « le soin de juger comme l'hypothèse fait le poids ».
Si, de fait, la démonstration peut laisser le lecteur perplexe, il se félicitera de ce nouvel accès, précédé d'une substantielle introduction, à un texte majeur de la tradition spirituelle du XVIII' siècle, tant loué par Romano Guardini comme par Urs von Balthasar : « Le livre charnière ramassant l'épopée mystique tout entière. »
Cet ouvrage, dit encore la jaquette du livre, considère l'idéal du dévot « qui a dominé le christianisme français jusque dans l'entre-deux-guerres », tout en concluant : « Il en promulgue le déclin » A voir ! Peut-être rejoint-il au contraire une intuition majeure d'aujourd'hui, celle de voir la vie comme un devenir spirituel. Et Jacques Gagey d'en souligner justement la clef : Caussade, qu'on lui attribue ou non ce texte, « a ce mérite, qui fait de lui un porte-enseigne, de désigner ce principe avec son juste nom : c'est l'abandon ».