Postf. R. Krygier. L'Atelier, coll. « Questions ouvertes », 2001, 159 p., 14,48 €.

De grands progrès ont sans nul doute marqué, depuis des décennies, les relations entre chrétiens et juifs. En témoignent la déclaration Nostra aetate de Vatican II, le passage d'un « enseignement du mépris » au souci de la connaissance et de l'estime réciproques, la visite de Jean-Paul II à la synagogue de Rome et son voyage en Israël, les démarches de « ,'repentance » pour les diverses formes de complicité avec l'antisémitisme, ou bien encore, du côté juif, l'intérêt renouvelé pour Jésus de Nazareth... Le livre de Geneviève Comeau rend compte de ces progrès, mais, pour autant, n'élude pas les questions délicates > qui subsistent entre juifs et chrétiens. Ainsi confronte-t-il leurs positions sur la loi et le Christ, sur les Ecritures, sur la corporéité et sur le messianisme, en invitant tout à la fois à dépasser les malentendus et à identifier les divergences. Il retrace aussi l'histoire des relations entre juifs et chrétiens, depuis les origines jusqu'à l'époque contemporaine on trouvera là d'excellents développements sur la question des « racines » (en référence à Rm 11,18), ainsi que sur la signification du christianisme pour les juifs et du judaïsme pour les chrétiens.
Le propos, nourri d'une expérience personnelle de rencontre avec des juifs (comme le rappelle le premier chapitre), est d'un bout à l'autre habité par une double visée : d'une part, que la reconnaissance des points communs ne conduise pas à fermer les yeux sur les divergences qui demeurent (et vice versa) , d'autre part, que les relations entre chrétiens et juifs se développent sous le signe de la fraternité. Cette double visée vaut aussi pour d'autres expériences de rencontre interreligieuse
Le dernier chapitre montre justement que le dialogue entre chrétiens et juifs est pour une part « paradigme » de tout dialogue, même si les relations entre christianisme et judaïsme ont une originalité irréductible.