En 2014, la Compagnie célébrera le second centenaire de son rétablissement. En 1773, un bref l’a supprimée sans la faire disparaître totalement. En 1801, elle est approuvée en Russie et en 1804 dans le royaume de Naples. Parmi les acteurs de la renaissance, il y a le Français Pierre de Clorivière (1735-1820), mais aussi Joseph Pignatelli de Aragón y Moncayo (1737-1811), un Grand d’Espagne, originaire de Saragosse et élevé à Naples. Les premières années dans la Compagnie Inscrit au collège de Saragosse en 1749 par son frère Joaquín, Pignatelli découvre l’agitation au Portugal où le marquis de Pombal (1699-1782) veut expulser la Compagnie, en France où les Parlements se déchaînent contre elle, mais en Espagne aussi où une hostilité se diffuse dans les milieux marqués par les Lumières. En 1753, contre le gré de sa famille, Pignatelli décide d’entrer dans la Compagnie. Il fait son noviciat à Tarragone, étudie les lettres à Manrèse, la philosophie à Calatayud et enfin la théologie à Saragosse.
 
L’expulsion par Charles III
Son premier emploi est d’enseigner la grammaire à Saragosse, de secourir les pauvres et les malades, de visiter les prisonniers et d’accompagner les condamnés. Il est aussi un des « Pères du Marché », ce qui est une tâche difficile. Ainsi, après les émeutes  madrilènes des 23-26 mars 1766 (motín de Esquilache 1), quand le mouvement se répand à Saragosse, le gouverneur demande à Pignatelli d’apaiser les esprits. Charles III, l’ayant appris, remercia les jésuites.
Le roi cependant ne tarde pas à suivre la voie du Portugal d’où les jésuites sont expulsés depuis 1759 et de la France où ils sont supprimés depuis 1764. Après les séditions de Madrid et de Saragosse, il cède aux révoltés en renvoyant Esquilache, mais il nomme Manuel de Roda ministre de la justice et Pedro de Aranda président du Conseil de Castille, qui haïssent les jésuites et veulent convaincre le roi, avec l’aide de son confesseur,