Aubier, coll. « Historique », 2006, 476 p., 24,50 euros.

Ne cherchez pas saint Joseph dans la Légende dorée ! Ce n’est qu’à partir du XVe siècle qu’apparaît un culte à l’époux de Marie, « ce saint qui ressemble si peu à un saint », lui dont la vie ne comporte ni miracles, ni faits héroïques. Le premier à proposer Joseph comme modèle de vertu chrétienne est le chancelier Gerson (1363-1429). Sa vigoureuse construction théologique sera sans effet immédiat. Indépendamment naîtront çà et là de discrets efforts pour honorer Joseph le 19 mars. Début d’un culte qui s’affirmera de façon décisive à la fin du siècle, grâce aux franciscains qui présenteront Joseph comme un exemple à suivre et un modèle de vie. Chose remarquable, le culte liturgique a ici précédé la dévotion populaire. Pour retracer cette histoire méconnue, Paul Payan scrute les textes : traités théologiques, sermons, mystères, fabliaux. Parallèlement, il analyse d’innombrables représentations iconographiques, dont, bien sûr, l’interprétation offre des sens pluriels. Cette variété de significations a sans doute favorisé l’essor du culte de saint Joseph. La pluralité des rôles qu’il assume en fait un personnage très humain auquel chacun peut facilement s’identifier : c’est un peu « Monsieur Tout-le-monde ». Pour autant, peut-on voir en lui « une image de la paternité divine dans l’Occident médiéval », comme l’annonce le sous-titre de l’ouvrage ? Ce n’est pas si évident, et, au terme de son enquête si riche, si rigoureusement menée, la conclusion de l’auteur nous laisse un peu sur notre faim.