S'approcher de la douceur de Jésus à partir des récits des évangiles s'avère une tâche délicate, voire complexe. En effet, Matthieu est le seul évangéliste qui utilise l'adjectif « doux » et le substantif « douceur », et il ne le fait qu'en trois endroits. Néanmoins, Jésus lui-même semble avoir affirmé : « Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Alors, en quels termes peut-on parler de Jésus en tant qu'homme doux ? Quel est le lien entre le contenu de ce mot, tel que nous l'employons, et la personne de Jésus ? Qu'est-ce que la douceur nous révèle de Jésus, et inversement ? Voici quelques questions qui guideront nos recherches et notre réflexion.

La douceur dans le Nouveau Testament

C'est le mot grec praos que les bibles françaises traduisent couramment comme « doux » dans Matthieu 11, 291. Or, en dehors de Matthieu, les autres évangiles n'utilisent jamais ce mot et les écrits du Nouveau Testament, quant à eux, ne se servent que huit fois de l'adjectif « doux » ou du substantif « douceur »2. Dans ces contextes, la douceur va de pair avec quelques vertus comme l'humilité, la quiétude, la mansuétude, la bonté, la maîtrise de soi, la justice, la piété, la foi, la persévérance et l'amour.

Les trois moments où Matthieu adopte le terme « doux » apportent des nuances différentes. En Matthieu 21, 5, il s'agit d'une citation d'accomplissement qui montre le caractère humble et modeste du messianisme de Jésus, lui qui entre dans Jérusalem, monté sur une ânesse. En Matthieu 11, 29, Jésus se propose lui-même