Rien de plus « ordinaire » donc, de plus mesuré et de plus éloquent, que la doctrine spirituelle de ce jésuite-là qui puise dans la tradition la plus large part de son inspiration. Mais prenons le temps de faire sa connaissance, de le découvrir dans ses relations spirituelles et de feuilleter son œuvre abondante. En d'autres termes, faisons l'effort, avant de le lire, de le resituer dans son histoire, pour mieux voir l'unité de sa vie.
UNE VIE TOUT EN CONTRASTE
Quand Saint-Jure quitte Metz, sa ville, pour étudier la rhétorique à l'université jésuite de Pont-à-Mousson, la Compagnie est alors expulsée du ressort des parlements de France. Trois ans plus tard, en 1604, encouragé par le P. Périn, son professeur, et le P. Marin qui dirige la congrégation mariale dont il est membre, il entre au noviciat à Nancy 3. Les jésuites sont alors rétablis dans le royaume, mais leur situation demeure fragile et, par souci d'économie, les novices ne peuvent vivre longtemps ensemble au noviciat. Après avoir donc accompli sa seconde année de probation à Bourges, Saint-Jure fait sa philosophie à La Flèche. En 1610, il repart enseigner la rhétorique à Bourges, mais, quatre ans plus tard, il est de retour à La Flèche pour faire sa théologie. Tout en étudiant à fond Thomas d'Aquin, il s'initie à l'exégèse avec le P. François et à la patristique grecque avec D. Petau. Ordonné prêtre en 1617, Saint-Jure fait son Troisième an à Paris, achevant ainsi sa formation.
Un homme de collège très sollicité
Pendant trente ans, de 1618 à 1649, Saint-Jure séjourne, non sans interruptions, dans plusieurs collèges de la province de France. Mais, avant de le suivre dans se...
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