C’est ainsi qu’une de mes amies m’annonce la naissance de son petit-fils. On rêve de cet instant ou on l’appréhende. Mais un beau jour, nous voilà promue grand-mère. On n’y peut rien, ce sont nos enfants qui ont ce pouvoir. Il nous reste le choix de l’appellation, contrôlée évidemment, par ces chers petits devenus parents ! Pour celles qui ne le seront jamais, parce qu’elles n’ont pas eu d’enfants ou que leur progéniture ne désire ou ne peut pas en avoir, ce statut est enviable et envié. La réalité psychologique est plus complexe. Elle ouvre à une série de paradoxes : la grand-maternité est un état, et un chemin. Elle est une naissance, et un deuil. Elle institue la continuité familiale et, dans le même temps, crée chez la femme une rupture. Nous allons analyser ces dynamiques à la lumière des propos que mon oreille de psychanalyste écoute. Certaines femmes doutent de leur rôle, face à un monde qui les dépasse, à des comportements qui les choquent, et d’autres avancent avec une force tranquille, en reproduisant un modèle qui les a nourries, ou en étant capables d’en inventer un. Il y a surtout les petits-enfants. Ils disent combien, à tous les âges, ils attendent de ces proches qui ne sont ni des parents ni des copains.

Devenir grand-mère : une chance ?


Christine a la soixantaine et plusieurs casquettes : elle est cadre, elle est la fille de ses parents âgés, elle est la mère avec un petit dernier qui vient juste de quitter la maison, elle est la bénévole qui a pris un engagement à la mairie et elle est la femme qui s’est enfin octroyée, cette année, une heure de gym. Le téléphone sonne, jeudi soir. Une intuition la fait hésiter à décrocher : « Tu peux me garder Benjamin ce week-end ? On voudrait aller à