Seuil, 2006, 203 p., 17 euros.

Que le lecteur ne se laisse agacer ou arrêter ni par le titre accrocheur, ni par les premières pages inutilement provocantes. Parce qu’elle a divorcé très jeune, Christine Cayol (la cinquantaine) a éprouvé très tôt sa différence : « pas exclue mais loin de l’Église ». Une Église qu’elle continue cependant à fréquenter, malgré l’ennui qu’elle éprouve à la messe, malgré les raideurs de l’institution qu’elle dénonce — une Église hospitalière, qui ouvre les portes de ses monastères ou de son confessionnal.
Peu à peu, elle abandonne le ton de la récrimination pour dire combien ce qui se joue dans les grands et les petits événements de la vie (une naissance, une amitié qui se brise, un repas de famille) peut s’éclairer à la lumière de ce que dans la Bible, la personne de Jésus nous révèle. Par sa manière d’être en relation avec la femme adultère, avec Marthe, ou avec son Père à Gethsémani, Jésus nous découvre ce qu’est l’amour en vérité. Quand, dans notre vie, tant d’occasions où nous croyons aimer, donner, pardonner, faire la volonté du Père, nous gardent dans la comptabilité, l’illusion, le manque de liberté..., avec Lui, une présence véritable aux autres et aux événements, le vrai don, le pardon, l’absolution libèrent et ouvrent.
Les mots de Christine Cayol ont du poids, une gravité incarnée, comme dans les beaux chapitres sur les jours de la Passion, le samedi saint, dont le vide qu’il faut habiter renvoie à notre vie. Si, quoi qu’il arrive, nous avons, comme au matin de Pâques « assez de forces, assez de désir, pour [nous] lever de bonheur et courir au tombeau », c’est qu’une Espérance folle nous porte. C’est elle qui anime ce petit livre personnel et audacieux, témoignage qui sonne juste, d’une catholique qui s’expose.