Trad. M. irz. Lessius, coll. « Le livre et le rouleau », 2008, 102 p., 12 euros.

Au moment où l’Italie devient terre d’immigration et où l’Europe veut choisir ses immigrés, Enzo Bianchi, le prieur de la communauté de Bose, nous invite, dans une vigoureuse exhortation spiri­tuelle, à méditer sur l’accueil de l’étranger et l’hospitalité. Au coeur de cette lecture biblique, une très belle et riche médita­tion de l’apparition à Mambré articule les deux grandes parties de ce petit livre. La première relit l’expérience de l’étranger dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Bien plus qu’une actualisation de la mé­moire de ce que fut Israël en Égypte, puis en exil, cette expérience est l’accueil de Celui qui a pris la condition de l’étranger parmi les hommes. L’étranger est chemin de la révélation de Dieu en Jésus-Christ qui sollicite notre hospitalité, source de partage et de joie, de communauté, com­me le raconte lumineusement l’épisode des pèlerins d’Emmaüs. Toute rencontre avec l’étranger nous rappelle que, comme chrétiens, nous sommes fondamentale­ment des pèlerins et des étrangers sur la terre, que l’« extranéité » est le fond de notre identité en Jésus-Christ.
La seconde partie de l’ouvrage nous convie très concrètement, au-delà des peurs et des inimitiés, à la pratique de l’hospitalité, nous ouvrant à l’étranger que nous sommes pour nous-même. Elle fait de l’étranger – celui qui se présente et qu’on ne choisit pas – un hôte que l’on reçoit et avec qui l’on partage. Alors l’échange est possible : l’hôte accueilli devient à son tour l’hôte qui accueille, la communauté se forme… L’hospitalité n’est pas d’abord un devoir, mais un signe, une marque d’humanité. Enzo Bianchi cite le P. Daniélou qui écrivait en 1951 : « On peut dire que la civilisation a franchi un pas décisif, peut-être son pas décisif, le jour où l’étranger, d’ennemi est devenu hôte, c’est-à-dire où la commu­nauté humaine a été créée. »