Associer le rire ou l'humour à l'Ancien Testament peut étonner. En effet, un peu spontanément, nous associons la religion aux choses sérieuses ! D’ailleurs, dans notre culture, les images de Dieu sont plutôt celles d’un Dieu sévère, d’un Dieu qui exige, punit, voire se venge. Les dictionnaires bibliques et les études anthropologiques présentent un Dieu qui parle, écoute, interroge, voit, crée, libère ; un Dieu qui éprouve des sentiments : jalousie, amour, colère. Dieu se tait ou se manifeste, il est proche et lointain, tout puissant et vulnérable. Dieu cherche l’être humain, Dieu est sage. La liste pourrait se poursuivre 1 , mais peu de mentions existent d’un Dieu qui rit…

Quant au Nouveau Testament, il semble sur la même ligne en n’hésitant pas à évoquer les larmes de Jésus, mais nulle part il n’est mentionné que Jésus rit. La tradition chrétienne a repris ce constat. Dans ses travaux, Jean Delumeau 2 met en lumière que l’accent mis par le christianisme sur le péché au cours de son histoire a contribué à valoriser l’austérité morale, le refus du divertissement, un modèle ascétique de vie comme conséquence du péché. Bien des auteurs et prédicateurs ont présenté un Dieu terrible dont la justice l’emporte sur la miséricorde. À cette image répond l’exclusion du rire dans le vécu chrétien. La Règle de saint Benoît n’écrit-elle pas que « le moine ne rit pas » 3  ? L’accent est mis sur la croix de Jésus. Aussi celui-ci n’a-t-il jamais ri 4 . Plusieurs Pères de l’Église avaient déjà énoncé ce principe : Comment un pécheur voué au châtiment pourrait-il rire 5  ? Et, aujourd’hui encore, dans l’actualité, la question de la relation entre religion et humour soulève bien des polémiques.

Mais cette représentation d’un Dieu qui ne rit jamais est-elle fondée dans l’Écriture ? Une attention plus fine à des textes de l’Ancien Testament