Parole, Pain, Fraternité… Le récit d'Emmaüs « imprime » en nous la logique même du trépied porteur de ce numéro de Christus. Sur le chemin des disciples, les Écritures deviennent cette Parole qui brûle le cœur tandis que la fraction du pain « eucharistié » et sa donation signent l'identité de Celui qui s'est rendu présent sur leur route pour les renvoyer vers leurs frères.

Diverses formes d'une présence

En ce geste, symboliquement et « en raccourci » (saint Irénée), tout est dit du Christ, de son rapport au Père et de ce qu'il est pour nous : ouverture radicale et don de soi. Leurs yeux s'ouvrent mais, aussitôt, le Ressuscité disparaît à leur regard. Ils retournent alors à Jérusalem pour confesser sa Résurrection. Ils ne sont plus seuls, ils savent qu'il reste effectivement et mystérieusement avec eux : ils l'ont entendu et l'entendront parler au travers des Écritures, ils reviennent et n'en finiront pas de revenir en hâte vers leurs frères. Dans le texte de Luc, la présence eucharistique n'est pas isolée d'autres formes de présence. Celle-ci est, certes, réelle, mais elle est aussi – tout autant, mais autrement – réelle en ces autres moments. Luc donne ainsi à entendre qu'il est divers modes de présence de Celui qui n'est entré dans l'Histoire que pour rester avec nous, quand bien même il s'est, à vue humaine, retiré de l'Histoire et reste absent à nos yeux. C'est pourquoi le concile Vatican II a pu écrire :

Le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le sacrifice de la messe, et