On aurait plutôt dit un homme réservé, étant donné qu'Ignace de Loyola parlait peu et tenait souvent les yeux baissés ; ou bien un homme résolu, dont la parole et les gestes communiquaient une autorité innée qui s'adaptait parfaitement à sa charge de supérieur général ; ou encore un homme tenace – pour ne pas dire obstiné – qui n'abandonnait pas facilement ses objectifs. Pourtant, ceux qui l'ont longtemps fréquenté, et qui ont partagé avec lui sa vie et sa mission, se sont aperçus d'une certaine douceur qui émanait de lui, parfois au cœur même de ses prises de position énergiques : les réprimandes et les pénitences, qu'il élargissait avec générosité – toujours cependant attentif à ne jamais blesser ni le corps, ni le cœur du compagnon – étaient normalement reçues comme des corrections accordées par un père juste et sage ; les refus, voire les expulsions du corps de la Compagnie qu'il était obligé de décréter, étaient à tel point accompagnés par des mots d'explication et de bienveillance que la personne s'en allait souvent persuadée que c'était la bonne solution pour tous. Aussi, quand on avait l'occasion de croiser son regard – ce qui arrivait assez rarement –, on était frappé par ses yeux allègres et pénétrants1.

Luis Gonçalves da Câmara, jeune compagnon portugais qui a vécu quelques années avec Ignace et qui a fidèlement enregistré ses paroles et ses comportements, écrit : « La dévotion intérieure de notre Père était continuellement apparente et visible dans la grande paix, la tranquillité et le calme de son visage extérieur.