Que nos vacances nous mènent à la montagne ou au bord de la mer, dans les champs ou tout simplement sur le banc du parc en bas de chez nous, c’est le moment d’admirer la nature ! Cette nature dont la beauté nous semble aller de soi et dont la force nous parait évidente. Prenons par exemple les grands arbres pluri-centenaires ou les escarpements rocheux des falaises qui nous surplombent de leur grâce intemporelle. Dans leur solidité ils représentent pour nous une forme d’éternité inchangée, aussi loin que remonte notre mémoire ou celle de nos parents et de nos grands-parents, ils semblent toujours avoir été tels que nous les voyons.

Pourtant, ils sont le résultat d’une lente poussée ou d’une invisible transformation sous la contrainte de forces extérieures. Il en est de même pour notre croissance intérieure. Comme l’incessant ressac de l’eau travaille la roche pour la sculpter et creuser en elle grottes et passages, comme l’imperceptible poussée des plaques terrestres façonne les montagnes, comme la lente circulation de la sève fait pousser l’arbre, Dieu agit en nous, invisible si nous n’y prêtons garde.

De même que la grandeur de l’arbre semble avoir toujours été, la sainteté des saints paraît aller de soi. Nous envions l’aisance toute naturelle avec laquelle ils semblent avoir toujours aimé, servi et prié. Or leur sainteté est, elle aussi, le fruit d’un long travail. Quand bien même ils attribuent leur mise en route à un moment précis de leur vie : un événement (on pense au boulet de canon d’Ignace), une grâce mystique (la vision du Christ en croix de Thérèse d’Avila) ou une parole (le « prends et lis » de St Augustin) ne nous y trompons pas : c’est bien le patient ouvrage du Seigneur au plus profond d’eux qui en fait des saints donnés en exemple. Ce n’est pas dans le coup de tonnerre spectaculaire du début ou dans les grâces mystiques que se révèlent leur sainteté, c’est dans l’ouvrage patient qu’ils laissent le Seigneur accomplir en eux, et auquel ils collaborent pleinement, que se façonne leur sainteté. C’est ce temps accordé à la patience qui fait de ces hommes et de ces femmes des « chefs d’œuvre » de la grâce.

Les saints poussent comme les arbres : lentement. Leur grandeur aussi le fruit d’un long travail. Ne désespérons donc pas de nos si lentes avancées et profitons de notre contemplation estivale pour nous réjouir de la beauté qui finalement ne va pas de soi !