Desclée de Brouwer, 2010, 182 pages, 18 euros.

Un évêque auxiliaire de Paris, un directeur d’institut d’étude religieuse et un professeur agrégé d’histoire pratiquent ici une relecture à trois voix de la vie du bienheureux Frédéric Ozanam (1813-1853).
Par petites touches colorées, Mgr de Dinechin brosse le tableau du contexte culturel à la fois romantique, bourgeois et positiviste où s’est épanouie la vocation d’Ozanam, à la manière de la fleur de lotus sur le marécage et non sans crises. Cette vocation s’est incarnée dans la promesse faite à soi-même par le jeune Frédéric : travailler au service de la vérité. Vérité historique du christianisme, ainsi que la défendra l’universitaire brillant évoqué par Luc Dubrulle, mais surtout vérité attestée par la pratique de la charité dans la fondation (avec soeur Rosalie Rendu) de la Conférence de saint Vincent de Paul. Frédéric Ozanam, pour qui l’aumône n’était pas un devoir mais un bonheur, fut rongé par le désir de rendre la foi crédible. Son discours ne se fondait pas simplement sur la compassion individuelle et le bon tempérament, mais sur le souci d’une justice sociale qu’avec raison il ne voulait pas abandonner à la sphère politique.
Rédigé par Charles Mercier, le chapitre traitant de la vie privée d’Ozanam, sa vie amoureuse et son mariage, mérite une attention particulière : il reflète à la fois la romance et ses désillusions, ainsi que la grâce, propre à Frédéric, d’un discernement exemplaire.