Fayard, 2003, 780 p., 28 €.

Cet ouvrage d'érudition se présente comme un livre d'histoire au ras du détail. Cependant, la fascination joue assez vite. D'abord à cause du style à la fois vif et limpide ; et surtout parce que l'accumulation des minuscules événements brosse un tableau magistral de Frédéric Ozanam, fondateur en 1833 avec Emmanuel Bailly de la Conférence de Charité, devenu assez vite la Conférence de saint Vincent de Paul.
Dans le milieu intellectuel parisien où les étudiants avaient l'habitude de débattre en « conférences » naît au cœur d'un homme de vingt ans la conviction que la charité, cette attention à la fois efficace et compréhensive des situations de pauvreté, est l'argument qui complète nécessairement les joutes d'idées.
L'engagement politique et social d'Ozanam, dans la lignée de Lacordaire et des républicains catholiques, ne se démentira jamais jusqu'à sa mort à l'âge de 41 ans. Préférant parfois un statut précaire et mal payé mais apte à le mettre en contact avec les forces vives de la pensée, il militera pour la reconnaissance universitaire de l'intelligence chrétienne caractérisée par l'attention à la singularité des itinéraires de chaque auteur, convaincu que l'histoire des idées était son vrai territoire de mission.