Desclée de Brouwer, 2007, 224 p., 17 euros.

Parcourir la vie du P. Varillon (1905-1978) à la suite d’un maître historien, c’est revisiter un siècle de catholicisme français, de la séparation de l’Église et de l’État au concile Vatican II et à ses suites. Pour les plus anciens d’entre nous, c’est relire leur propre vie.
Témoin de son temps et intervenant vigoureux dans les débats qui agitèrent les consciences, formateur de consciences surtout, François Varillon le fut jusqu’au bout. Les lecteurs, toujours plus nombreux, de ses ouvrages catéchétiques et théologiques, ainsi que de ses recueils de méditations, pourraient oublier aujourd’hui que ce jésuite fut d’abord un homme de la parole, un prince de la parole.
Professeur de lycée, aumônier d’étudiants (notamment au siège parisien de l’ACJF), conférencier itinérant commentant l’actualité littéraire ou présentant « l’essentiel de l’essentiel » de la foi chrétienne au public cultivé comme aux lycéens, prédicateur des beaux quartiers comme des banlieues ouvrières, fondateur d’un réseau de groupes de spiritualité pour foyers chrétiens, prédicateur de retraites, cet homme à la voix de bronze et à l’éloquence sobre excellait dans l’art de rendre accessibles aux esprits moyens les problématiques les plus subtiles. Son activité et ses propos, situés par l’historien dans leur contexte et éclairés par ce qu’on peut savoir de la vie intérieure de cet homme pudique, n’en acquièrent que plus de relief.
Mais si la grande affaire du P. Varillon fut l’intelligence de la foi, il consacra une bonne partie de son temps à diriger des retraites spirituelles collectives. Le biographe ne consacre pas de chapitre particulier à cette activité, mais de précieuses remarques au fil du texte aident à comprendre sa manière de « donner » les Exercices spirituels de saint Ignace. Peu soucieux de littéralisme historicisant ou de rubricisme dans sa façon de les présenter, Varillon se les était si bien appropriés que « l’esprit de saint Ignace », comme on disait autrefois, imprégnait ses propos, comme il imprégnait sa vision du monde et sa théologie. Sa manière à lui d’exprimer son chauvinisme ignatien tenait en cette formule : « La spiritualité de saint Ignace, mais c’est la spiritualité de l’évangile ! » L’évangile, le Christ : pour le P. Varillon, tout s’y récapitule.