Cerf, coll « Histoire religieuse de la France », 2004, 685 p., 44 €.

L'écriture limpide de Catherine Vincent favorise la lecture de ce texte érudit à l'irréprochable rigueur historique. Il retient plus particulièrement notre attention par sa recherche de la dimension morale et spirituelle de la lumière. Depuis la découverte du feu, la quête de la lumière est inscrite au coeur de l'homme Pour ne s'en tenir qu'au contexte chrétien, tous les gestes de lumière qui ponctuent les pratiques au cours des siècles ont peu retenu l'attention, l'auteur se limite d'ailleurs à cerner leur spécificité pendant la période médiévale. La lumière en soi [lux) est présentée à la fois comme un attribut de Dieu et un don aux hommes, source d'où émane toute lumière naturelle (lumen). Cette conception, élaborée par une infime minorité de lettrés, pénètre et imprègne lentement la culture religieuse.
En effet, la lumière ne s'est pas imposée immédiatement ! Il y a eu bien des hésitations, des tâtonnements, des refus même. Enfin, au IV siècle, le beau tournant est frayé. Une évidence s'impose : la lumière est un signe du Royaume, donc pas de culte sans luminaire. Lentement, l'essentiel émerge. La lumière commence à hiérarchiser le temps et l'espace liturgiques. Elle est reconnue comme signe divin, car Dieu est lumière. La liturgie pascale entraîne sur le chemin des « vraies » lumières. La pensée théologique s'affine : la lumière est un mode d'irruption du ciel sur la terre.
Le défi se pose, toujours actuel : comment dévoiler la gloire de Dieu, sa beauté ? La beauté de Dieu se dévoile à travers notre transformation. Et la lumière est signe de ce changement, de cette communion, aussi bien celle de l'Eglise que celle de chaque fidèle. Les cierges des étapes de la vie chrétienne sont l'expression continuellement renouvelée de la piété et ses supports. Ils occupent une place quasi permanente dans le dialogue instauré entre ciel et terre. Celui-ci tient à la valeur du signe et à son intégration dans les cérémonies liturgiques. Il s'agit de parvenir à une lecture toujours plus spirituelle des vieux rituels afin d'en épurer le sens.