La vraie mesure de nos jours
Le Psaume 89 nous ouvre un chemin. D'abord le contraste, la distance : le Seigneur est stabilité, permanence En lui, ni ombre ni changement. « Bien avant que naissent les montagnes, il est de toujours à toujours. » L'Éternel est son nom. Devant lui, le fils d'Adam n'est que poussière, songe, herbe changeante, souffle qui se dissipe et retourne au néant ; ses années de peine et misère s'enfuient (cf. v. 10) ; ce qu'il poursuit n'est que paille balayée par le vent. Pour tout dire, il est tout ce que Dieu n'est pas : éphémère, inconstant, inconsistant. Vérité de l'homme, vérité de Dieu : qu'y a-t-il entre toi et moi ? Tout peut naître à partir de là : l'idolâtrie d'un Dieu impassible, immuable en lui-même, tout-puissant horloger du monde, la révérence craintive, le rejet, la révolte, ou encore l'aveuglement volontaire, l'enfermement dans le néant ou dans l'instant qui passe, toutes les fuites illusoires dans la course aux plaisirs, tous les désespoirs, tous les nihilismes, toutes les errances. Mais aussi le prosternement de l'adoration, dans la reconnaissance de notre vérité de créature : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse » (v. 9). Pour dire cette vérité de l'homme, en sa misère et sa grandeur, Péguy en appelle à Dieu lui-même :
« Seigneur qui les avez pétris de cette terre,
Ne vous étonnez pas qu'ils soient trouvés terreux (...)
Vous les avez pétris de cette humble misère,
Ne soyez pas surpris qu'ils soient des miséreux » 1.
Mais il faut aller plus loin. Au cœur du Psaume est inscrite l'amère vérité du péché : « Tu étales nos fautes devant toi, nos secrets à la lumière de ta face » (v. 8). Pauvres secrets le plus souvent, sec...Ne vous étonnez pas qu'ils soient trouvés terreux (...)
Vous les avez pétris de cette humble misère,
Ne soyez pas surpris qu'ils soient des miséreux » 1.
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