Christus : Quelle est la visée du combat spirituel ? Quelles sont ses contrefaçons ?
Bernard Forthomme : Souvent, la notion de combat est liée à un aspect belliqueux, violent, alors qu’il peut être aussi un jeu qui, loin de favoriser la violence ou d’être un affrontement destructeur, est plutôt la manifestation de la paix. Il en va ainsi des Jeux Olympiques. Il peut y avoir dans le combat spirituel la dimension ludique de l’affrontement, et donc la joie — une joie austère, rugueuse, un bonheur difficile. À cause de la fonction militaire du combat, on identifie volontiers le combat spirituel à une certaine forme de volontarisme, à l’acquisition de vertus, à une forme de pélagianisme, alors que la dimension du jeu a ceci d’intéressant qu’on n’est jamais le vainqueur définitif, surtout dans les formes de jeu aléatoire. Il y a toujours la possibilité d’une revanche : « On va remettre ça : encore une dernière !… » Une dimension d’inachèvement, d’indétermination, est propre au combat spirituel. Loin de vouloir acquérir par la force un résultat, ou un salut, ou une victoire définitive, nous pouvons laisser la place à un perfectionnement : pour le sportif, le combat est toujours inachevé et perfectible.
La visée du