Préf. O. Boulnois. Cerf, coll. « Philosophie et théologie », 1999, 331 p., 183 F.

L'auteur prend pour guide Aelred, abbé de Rievaulx entre 1147 et 1167, qui fut confronté à des besoins spirituels analogues aux nôtres.
Ce « Bernard du Nord », enseignant ses jeunes novices, part de la conviction de la venue quotidienne du Christ dans les âmes. En effet, la vision chrétienne de la vie spirituelle n'appelle pas le croyant à une fuite du monde pour rejoindre la réalité suprême, au-delà du quotidien. Elle le pousse, bien au contraire, à découvrir la présence mystérieuse du Sauveur dans la vie, selon le verset de Jn 14,23 : « Si quelqu'un m'aime, il gardera mes paroles, mon Père l'aimera et nous viendrons à lui. » Il va de soi qu'aucune expérience de Dieu n'est possible « loin de lui ». Voir Dieu, pour la « théologie monastique médiévale », signifie en réalité être illuminé par lui. De là, le chrétien est appelé à développer les sens spirituels (sens intérieurs, sens du coeur ou de l'esprit), enracinés dans le goût de l'Ecriture et sa rumination par la pratique de la lectio divina.
Cette « sagesse » spirituelle est liée à une conviction propre à éclairer notre réflexion contemporaine : Dieu visite notre terre. Il n'est pas étranger ou extérieur au devenir de l'homme. Chacun des mystères de l'économie du salut représente une rencontre de Dieu avec l'humanité. La vie en Eglise, fondée sur « la vertu d'amitié spirituelle » et la pratique des sacrements, permet d'en faire l'expérience.