« Ce qui a été, c'est ce qui sera » (Qo 1,9). Le sage décape les illusions : point d'avènement de ce côté-là. Cela a valeur d'avertissement. L'espérance ne saurait s'accommoder de pseudo-nouveautés ; c'est la nouveauté qu'elle espère, et c'est tout différent. S'il revient au prophète de le rappeler, ce n'est pas sur l'air du progrès et des lendemains qui chantent ; il initie plutôt le regard à traverser le soupçon que les événements feraient porter sur l'avènement : « Ne le reconnaîtrez-vous pas ? » (/s 43,19). De ce discret point de rencontre entre événement et avènement, la naissance est un paradigme. La naissance comme événement dans la durée et comme avènement du temps :
« La naissance est originaire. Elle ne se questionne pas. S'il doit justifier sa naissance, tout homme devient "superflu". La vie humaine, d'un humain, est sans pourquoi, sans pour quoi. Cette affirmation ne la ramène pas à sa facticité biologique, mais l'en disjoint au contraire. Programmée ou non, chaque naissance est un hiatus dans l'enchaînement, un imtium, un commencement : un moment de pure liberté. Naître est temps » 1.
Un autre mot encore permet de le dire : nativité. S'il évoque la naissance, et singulièrement celle du Christ, comme l'atteste l'iconographie chrétienne, ce mot trace aussi une perspective plus large, ouverte sur ce qui est « natif », évoquant ainsi une origine (« être natif d'ici ou d'ailleurs »), ou encore une promesse qui germe (« être à l'état natif»).Ce qui fait vivre l'humain
La nativité, je l'aborde pour commencer comme une dimension de l'existence humaine. Son premier trait, le plus fondamental sans doute, est ce qui nous inscrit dans une lignée de naissances. Des générations nous ont précédés, nous naissons humains, et la plupart des humains en engendrent d'autres, mortels comme eux 2. Mais la nativité, c'est aussi ce qui, tout au long d'une vie humaine, vient au jour et se présente à nous, en nous, entre nous, et dont nous disons : ce qui fait vivre...
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