La mystique attire. En témoignent bon nombre de publications et de sessions autour des transes ou d’états limites de la conscience… Dans la tradition chrétienne, la mystique n’est pas le récit initiatique d’une expérience inédite de soi, mais la formulation d’une expérience mystérieuse de l’Autre. Épris du Christ jusqu’à la passion, les mystiques sont façonnés de l’intérieur par une quête inlassable de Dieu. Guettant en toutes circonstances les indices de sa présence dans son absence, son silence et l’amour de sa Parole, ils la trouvent fugitivement dans l’Esprit qui les pousse à la chercher encore davantage. L’ascèse qui en découle n’est ni négation de soi, ni méthodologie de l’extase. Fidélité à la vie reçue gratuitement, elle s’efforce de combattre tout ce qui s’oppose en eux à cette voie d’amour : attachements variés, passions déviantes, mais aussi illusions. Le modèle, le maître et Seigneur par qui tout cela est possible, c’est Jésus-Christ, figure unique et parfaite de l’amour reçu et donné. Loin de faire une expérience extraordinaire sur soi, un mystique ou un « fou de Dieu » est aujourd’hui un homme ou une femme ordinaire qui se laisse saisir et patiemment transformer par le Christ, au point de trouver en lui et par lui la joie qui le rend libre à l’égard des passions, opinions et puissances mortifères. C’est cette liberté-là qui ouvre des chemins de sainteté dans l’Église et dans la société.