Trad. O. Ferrard. Labor et Fides, coll. « Terres promises », 2003, 285 p., 20 €.

Riah Abu el-Assal est avant tout homme de Nazareth. Le départ est donné, et il n’y a plus qu’à sauter en selle pour parcourir au grand galop les incroyables péripéties d’une destinée peu banale.
Être prêtre anglican à Nazareth pendant plus de trente ans, vivre en situation de réfugié ou sous occupation, a fortement influencé les conceptions théologiques, ecclésiales, politiques et familiales de l’auteur. Tous ses efforts ont été consacrés à accepter son statut de Palestinien arabe et chrétien d’Israël. Cette dichotomie insupportable conduit généralement à l’émigration. Abu el-Assal l’affirme avec force : si une solution n’est pas trouvée, la terre sur laquelle notre foi est née sera bientôt vide de ses chrétiens indigènes. Mais il ne s’agit pas ici de luttes ou de combats. Si combat il y a, il est tout intérieur : l’auteur est aussi pacifique que courageux.
Le récit est fascinant, touchant, fourmillant de faits de vie poignants. Ainsi, fouillé à corps à l’aérodrome de Jérusalem, l’auteur avoue avoir « une arme ». Les soldats se figent, et le voyageur sort sereinement sa Bible de la valise — seule « arme » qu’il utilisera jamais. Ainsi la morne liste des 374 villages palestiniens entièrement détruits.
Le lecteur est ici, non pas observateur, mais partie prenante dans le drame de deux communautés écartelées par une lutte fratricide insensée. Le titre anglais, Caught in between, précise bien la notion de piège de cette situation explosive. Les péripéties, rebondissements, foisonnent. Nous sommes empoignés, intériorisant à chaque page des événements bouleversants que nous avons souvent survolés sans bien les appréhender.