L'accompagnement spirituel est de plus en plus confronté à la dimension psychologique de l'existence. Si Dieu donne la croissance et demande la coopération de la liberté humaine, on sait mieux de nos jours que cette croissance et cet effort sont tributaires de leur inscription dans le psychisme et dans une maturation qui connaît ses étapes, ses blessures et ses failles. Le Père Odilon de Varine, qui a une longue expérience de l'accompagnement, a accepté un libre entretien sur ce sujet avec le rédacteur en chef de Christus. Nous le publions ci-dessous.

Claude Flipo : Lorsqu'on est en quête d'un accompagnement spirituel, sait-on au juste ce que l'on demande ? Ceux qui entreprennent une telle démarche se reconnaissent volontiers dans la réponse embarrassée des premiers disciples à la question de Jésus : « Que cherchez-vous ? » Nous non plus, nous ne savons pas très bien, dans les commencements, ce qui nous met en chemin : ce peut être le désir de sortir d'une solitude pénible, le sentiment d'un échec ou une certaine angoisse devant une décision difficile... Un appel à l'aide un espoir de guérison. Ou encore plus clairement identifié, le désir de prier, de renouer avec Dieu, de reprendre une vie ecclésiale en jachère... Tout est mêlé, bien souvent : l'humain et le divin, le psychologique et le spirituel, le désir d'une « relation d'aide » et le désir d'une écoute proprement spirituelle. Quel est le critère qui permet de parler d'un accompagnement « spirituel » ?

Odilon de Varine : Il faut certes, commencer par faire préciser aux gens ce qu'ils cherchent. Cela peut demander du temps. Mais il y aurait peut-être une façon de dire les choses autrement : « Quel est votre désir ? » C’est-à-dire : « Qu'est-ce qui vous meut vous pousse en avant dans la vie ? » Il est bien rare que quelqu'un n'ait aucun désir de ce genre C’est déjà beaucoup de les aider à découvrir ce qui les met en mouvement ce qui a du goût pour eux et qui vaut la peine d'être vécu. Ne parlons pas trop vite de «