Christus : En tant que psychanalyste, vous êtes amené à rencontrer en consultation des hommes et des femmes de toutes générations et origines sociales. Diriez-vous que le monde de la connexion a engendré de nouvelles pathologies ou du moins fait apparaître des problématiques nouvelles sur les plans psychologique et relationnel ?
Jacques Arènes : De fait, le monde de la connexion se rend davantage présent dans le cabinet du psy, dans les rituels mêmes et les pratiques de la psychothérapie ou de la psychanalyse. En séance par exemple, les gens me commentent ce qu’ils ont lu le jour même sur internet, alors qu’ils me parlaient rarement de ce qu’ils avaient lu dans le journal. Comme si cela les concernait plus directement. J’ai par ailleurs des patients qui utilisent les différentes modalités actuelles pour communiquer avec moi, les textos par exemple, le premier contact s’établit souvent par le biais d’un courriel, ou par l’intermédiaire d’un site sur lequel j’ai fait une chronique. Avant, il y a seulement quatre ou cinq ans, personne n’utilisait son portable dans le cabinet du psychanalyste. Aujourd’hui, pendant la consultation, on voit de plus en plus de gens qui sont tentés de répondre à leur téléphone quand il sonne, ou qui se permettent de le faire. Le monde connecté, duquel certains n’arrivent pas à s’extraire, fait une intrusion dans le cabinet du psy qui était avant, d’une certaine manière, considéré comme un lieu « sacré ». Nous éprouvons le besoin d’être toujours joignable, toujours branché et, par conséquent, nous avons tous du mal à nous déconnecter. En résulte une autre difficulté : celle de se rendre disponible à l’instant présent. Concrètement, on sent qu’il est aujourd’hui plus ardu de se concentrer sur une rencontre et de mettre, pour un temps, les autres relations entre parenthèses.
En dehors de ça, internet, on en parle parce