Quand la réconciliation s’avère impossible, quand on rechute sans cesse dans ce qui nous dégrade, quand l’autre s’en va sans parole de paix, quand le conflit est relancé sans répit et ne se nourrit que de morts, que reste-t-il à espérer ? Le choix de la vie, ou de la survie, pourrait bien conduire à se replier sur sa peine, à se barricader en attendant des jours meilleurs ou encore à se laisser gagner soi-même par la violence.
C’est pourtant bien là, quand tout se dérobe et se défait dans le non-sens et le chaos, que la foi nous invite à « tenir bon dans l’espérance ». Elle nous invite même, au coeur de nos angoisses et de nos doutes devant l’horizon bouché, à célébrer dès maintenant, dans la liturgie en Église, l’avènement de la paix et de la réconciliation, « définitivement acquise » par Jésus-Christ, qui s’accomplira pleinement à son retour à la fin des temps. Mais comment le vivre concrètement ?
Une lecture trop immédiatement spirituelle est d’abord consolante. Elle offre des mots et donne une cohérence à laquelle on s’accroche un temps, mais elle tend à occulter la relation brisée qu’elle ne peut remplacer ; elle risque aussi de conduire à une forme de repliement stérile. Elle peut constituer un refuge qui nous exempte de nos responsabilités présentes et de la recherche d’un sens fécond de la blessure vécue.
L’espérance de la fin des temps dessine un chemin d’abandon spirituel où la réconciliation devient fruit d’une foi puisée dans la vie de l’Église qu’elle nourrit à son tour. Mais, à la suite d’Osée et des prophètes, à la suite de Paul et comme l’exprime admirablement la prière eucharistique en