«Je regardais notre bébé, me raconte un jeune père au cours d’une séance de psychothérapie, je l’ai regardé téter, frotter son nez, sa joue, sa bouche, trouver le bout du sein de sa mère, l’engloutir… J’avais l’impression qu’il allait l’avaler tout entier, avec sa toute petite main posée dessus… Et ma femme qui ne le quittait pas des yeux… qui laissait faire… Et puis, ça s’est arrêté tranquillement… comme ça… Il était… comment dire ?… repus et béat… contre le sein de sa mère… gorgé de lait… gorgé d’elle… » Après un long silence, il ajoute : « J’étais jaloux ! »

Jaloux de ne pouvoir, lui, s’emplir de sa femme avec la même évidence et la même volupté ? Oui, sûrement. Jaloux aussi de la simplicité de cette satisfaction immédiate du désir. Jaloux du désir lui-même primaire, un désir qui cherche son objet, le trouve offert, s’en repaît et, dès lors, trouve le calme, la quiétude. « Quelle chance ! », sommes-nous tentés de dire.
 
Avatars
Hélas, il arrive que ce plaisir simple (éprouver un besoin vite converti en désir et trouver, là où on l’attend, le bon objet, celui dont on a besoin et que l’on désire) ne soit pas toujours aussi aisé. Il arrive que le tout-petit