À partir d’une analyse des Constitutions de la Compagnie de Jésus, l’auteur souligne ici que le fondement d’un discernement libre et vrai consiste en un travail de l’intelligence et en une prise en compte réelle des circonstances.

L’appel au discernement se fait aujourd’hui plus pressant en Église. Est-ce une réaction face à la complexité des situations, une conséquence de l’épuisement de certains modèles de stratégie pastorale, l’espoir qu’une approche spirituelle ouvrira des passages ? Le discernement n’appartient pas en propre à la tradition jésuite mais il est au cœur de la vie de la Compagnie de Jésus. Les Exercices spirituels (Ex. sp.) en font la clé de voûte des manières de conduire sa vie pour prendre des décisions dans une plus grande liberté. En cela d’ailleurs, le discernement ignatien déborde la Compagnie et se propose à tous ceux qui se laissent initier par les Exercices. Cependant les Constitutions de la Compagnie de Jésus offrent des vues qui peuvent enrichir nos manières d’exercer le discernement en vue de la mission, d’un point de vue personnel et institutionnel. Nous proposerons simplement ici de lire le processus de discernement pour la mission tel qu’il se présente dans les Constitutions, laissant à notre jugement de décider comment nos « planifications apostoliques » pourraient aujourd’hui en tirer parti.

La liberté de se décider en mission

Portons notre regard sur la septième partie des Constitutions, consacrée à l’envoi en mission, et plus particulièrement sur le paragraphe où il est question de ce qu’un jésuite peut décider de faire par lui-même1.

§ 633.

Ceux qui vivent sous l’obéissance de la Compagnie n’ont pas à intervenir, ni directement ni indirectement, pour leur envoi en mission, qu’ils soient envoyés par le Souverain Pontife ou par leur supérieur au nom de Jésus Christ notre Seigneur. Toutefois, celui qui serait envoyé dans un grand pays (tel que les Indes ou d’autres provinces), sans qu’aucune région de celui-ci ne lui soit spécialement désignée et délimitée, peut rester plus ou moins dans tel lieu ou tel autre ; ou bien, après avoir