En cette Année de la miséricorde, ce livre sur le pardon arrive au bon moment. Car ce mot de « pardon » peut recouvrir bien des imaginaires, sur ce que sont le péché et sa réparation, sur qui est Dieu et qui sont les frères envers qui le péché a été commis.

L’essentiel du livre est un commentaire de quelques grands textes bibliques. Il commence par relire les péchés de Caïn, de Saül et de David, le premier restant dans la culpabilité, le deuxième dans la jalousie et le désespoir, le troisième entrant dans la miséricorde.

Une deuxième partie aborde la question du pardon avec les frères. Comment peut-il être authentique ? Le chapitre 18 de Matthieu qui invite à ne pas se lasser de pardonner est scruté, puis les relations de Jacob et de son frère Ésaü, enfin Joseph et ses frères. La fine analyse de ces textes montre la complexité de la démarche de réconciliation, qui suppose un travail intérieur de part et d’autre, une ouverture à l’autre pour lui-même.

La troisième partie s’interroge sur qui donc est Dieu pour pardonner. Qui est ce Dieu qui nous appelle à nous réconcilier ? Est-ce un Dieu qui nous demande réparation et sacrifice ?

Pour développer ces questions, sont analysés successivement la parabole du père prodigue (Lc 15), le sacrifice d’Abraham (Gn 22), l’histoire de la relation entre Pierre et Jésus, et l’histoire de Marie Madeleine (Lc 7 ; Jn 12 et Jn 20). Au passage, un chapitre porte sur le sens de la croix, du sacrifice, de la passion.

Les analyses bibliques sont solides, précises, simples, suggestives. Elles invitent à une véritable conversion, non seulement de son péché, mais surtout de la manière de comprendre ses relations à Dieu, aux frères et à soi-même.

Tout au long du livre, quelques itinéraires personnels sont évoqués, venant de la longue expérience d’accompagnement de l’auteure, notamment dans le cadre de l’association Béthasda. Il invite ainsi à une vaste relecture : celle des textes bibliques pour y découvrir des trésors dans les détails de l’Écriture, celle de sa vie et de ses relations pour être libéré de répétitions mortifères et de fausses représentations. Merci pour ce bon livre – qui suinte de bonté – simple et profond.

Bruno Régent